La sibylle du Faubourg Saint-Germain (1ère partie)

Theodor Von Holst, The Wish Collection particulière

« La fortune agitant dans les airs ses ailes dorées, fait briller ses trésors, en étale les dons, appelle le hasard et le charge de les distribuer… une foule de mortels ouvre ses mains, lui tend les bras, et s’apprête à recevoir, à se disputer ses bienfaits.

Voyez, tandis qu’il les répand, avec quelle furie ils se jettent les uns sur les autres. Voyez comme l’amant oublie son amante, comme les amis écrasent leurs amis, et les enfants leurs pères.

Que de sagacité pour découvrir ! Que d’audace pour saisir leur proie ! Pour peu que l’occasion les favorise, rien ne les arrête ; ils franchissent, sans scrupule, les barrières de la justice, et de la probité. Ils suivent le gain à la trace, ils se fatiguent à la poursuite des places et des dignités, jusqu’à ce qu’épuisés de lassitude, ils succombent. »

MADEMOISELLE LENORMAND

Bonjour à vous,

Henry Singleton - Ariel on a Bat's Back

Henry Singleton – Ariel on a Bat’s Back

Qui suis-je ? Ariel. L’un des 72 anges de la Kabbale. Oui ! Oui ! Il paraîtrait que nous sommes 72. Vous, humains, l’avez décidé. Vous avez besoin de nous identifier, de nous classer, vous avez même créé une hiérarchie parmi nous. Pourquoi pas ? Si cela peut vous rassurer, nous devenons ainsi plus tangibles à vos yeux, je suppose. Un poète anglais m’a même classé dans les anges déchus. Au cours de la guerre qui opposa, d’après lui, les anges restés fidèles à Dieu à ceux qui participèrent à la révolte menée par Lucifer. J’aurais été vaincu par Abdiel, le seul compagnon de Lucifer qui aurait refusé de rejoindre les révoltés. C’est une histoire comme une autre. Mais je ne suis pas là pour parler de moi, je n’ai pas besoin de me justifier de quoi que ce soit.

Si je m’adresse à vous en ce jour, c’est pour vous narrer l’histoire de Marie-Anne-Adélaïde Lenormand. Beaucoup ont essayé, surtout les crédules, les sceptiques, les cartésiens comme ils se présentent, moi je vais le faire depuis mon point de vue, là où il n’y a ni passé, ni présent, ni futur, là où rien n’est sûr, mais où tout est assuré. Il est critiquable pour les néophytes, les athées, pour ceux qui n’ont pas d’imagination, pour ceux qui ne voient que le bout de leur nez, mais chacun est libre de faire ses choix.

Alençon

Alençon

Tout commença au sein des forêts et des plaines bocagères de la basse Normandie, à la confluence de la rivière Sarthe et de la rivière Briante qui descend de la forêt d’Écouves, dans le chef-lieu de la généralité, la ville d’Alençon. Son décor ? Des rues pavées du centre à celles des quartiers médiévaux tout proches, des maisons à pans de bois aux hôtels particuliers, du porche magistral de la basilique Notre Dame au château des Ducs, la ville était florissante. Entre l’industrie de la dentelle, de l’imprimerie, la culture du chou chinois, elle abritait des familles aux revenus cossus dont faisait partie la riche famille de marchands drapiers, les Lenormand. Celle-ci était installée à la l’orée du nouveau quartier, où l’hôtel de ville va être élevé, lorsque vint au monde le 27 mai 1772, la seconde fille de Jean-Louis Le Normand et d’Anne-Marie Gilbert et troisième enfant du couple.

Pour le nouveau-né, l’entrée en ce monde commença mal. La sage femme, mal à l’aise, quelque peu honteuse, présenta à la mère son enfant qu’elle avait eu bien du mal à mettre au monde. Elle recula d’horreur en le découvrant, regrettant sur l’instant qu’il ne fut point mort. Le nouveau-né était fort laid avec ses épais cheveux noirs, sa bouche déjà pleine de dents, une jambe paraissant plus courte que l’autre, et les épaules biaisés. Ses parents dépités lui donnèrent le même prénom qu’une sœur aînée morte quatre ans plus tôt, faisant fi d’une vieille superstition voulant que l’âme d’un bébé mort passât dans l’enfant recevant son prénom. Elle fut donc prénommée Marie-Anne-Adélaïde, les malheureux parents pensaient que le même sort funeste l’attendait. Contre toute attente, l’enfant survécut et gagna au fil du temps en joliesse.

Paul Sandby, 1731-1809, British, Woman and Child Holding a DollJean-Louis Le Normand mourut l’année suivante laissant son épouse avec trois enfants, un garçon, l’aîné, et deux filles. Il n’eut pas le temps de voir à quel point sa benjamine devenait jolie. Avec la mort du père, la prospérité de la famille prit fin. Anne-Marie Gilbert se remaria avec Isaac Rosay des Fontaines, mais mourut cinq ans plus tard. Les commérages prétendirent qu’elle ne s’était pas remise de son veuvage. Entre-temps, tous avaient commencé à remarquer que la fillette avait un don, elle semblait voir à travers les murs et entendre les pensées de ceux qui l’entouraient. Ces pouvoirs surnaturels avaient déjà frappé des filles de la famille, mais elle préférait le taire bien que ce fut de notoriété publique.

Le beau-père de Marie-Anne se remaria à son tour. Les trois petits Lenormand se retrouvèrent entièrement à la charge de parents qui n’avaient aucune relation de sang avec eux. La nouvelle belle-mère Louise ne supportait le poids de cette charge encombrante. Néanmoins bien disposé envers eux, leur beau-père leur fit donner une bonne éducation. Marc alla chez les Jésuites, Marie-Anne, elle fut mise en pension chez les sœurs, d’abord chez les Dames bénédictines à l’Abbaye Royale Sainte-Geneviève de Montsort dans les faubourgs d’Alençon, puis à celui de la Visitation. Vive d’esprit, elle s’intéressa surtout à l’apprentissage des langues, mortes et vivantes, à la musique, la peinture et les lettres. Quand je dis surtout, c’est parce qu’à l’encontre, elle fut peu intéressée par l’enseignement religieux et se consacra à la grande consternation des religieuses, à la divination. Elle se faisait déjà remarquer, malgré son jeune âge, par une ardente imagination et un curieux talent de prophétesse. Elle s’était senti des dons de voyance très jeune, d’autant qu’elle y fut incitée de façon inattendue.

PIETRO DA CORTONA (Guardian AngelÀ Alençon, ainsi que dans toutes les petites villes, les petites bourgeoises avaient la fureur de tirer les cartes. Elles cherchaient, elles fouillaient dans l’avenir, une position sociale avantageuse, une fortune, et surtout un mari. Comme on ne portait pas encore cette ancienne balantine que depuis on appela un Ridicule ou un Sac, c’était dans la poche de leur tablier que les jeunes filles, dont je vous parle, cachaient soigneusement la petite tabatière contenant le petit jeu de cartes fatidiques. Cet engouement était renforcé par la promenade dominicale. La vogue était de se rendre aux abords d’un camp de gitans près de la muraille de la ville. Il était fort émoustillant, pour toutes ces dames, d’aller se faire prédire l’avenir. La nouvelle belle-mère des petits Lenormand n’était pas exempte de cette curiosité. Moi, Ariel, son ange gardien, je profitais d’une de ces promenades pour mettre mon grain de sel à tout cela. Je poussais une gitane à lire les lignes de la main de la petite Marie-Anne. Fort impressionnée, droite comme un I, elle tendit sa main à la chiromancienne. Le tracé mystérieux contre toute attente dessinait le destin médiumnique de l’enfant. La gitane lui en fit la prédiction, hormis sa marâtre, cela amusa les membres de sa famille, mais eut un écho en elle. Elle prit cela très au sérieux, aussi, curieuse, loin des regards réprobateurs, l’enfant revint en catimini et demanda à apprendre. La gitane amusée lui fit suivre son enseignement. Elle n’eut aucun mal à lui inculquer à tenir compte de ses intuitions, à entendre les vibrations du monde, des mondes. Alfred Dehodencq (1822-1882) Bohémiens en marche (Musée d'Orsay)L’enfant était ouverte, maniable, elle était attentionnée, elle suivait les conseils de la gitane. Cela ne dura pas longtemps, mais suffisamment pour lui ouvrir les voies de l’occulte. Elle voyait ce que les autres ne percevaient pas. Le camp de gitans dut quitter la ville, son court apprentissage se conclut par un cadeau, un jeu de cartes usées. La gitane lui rappela que ce n’était pas pour elle, mais pour ceux qui l’écouteraient, ce serait un appui qui les rassurerait. Elle venait d’avoir sept ans.

Tout ceci avait donné de l’assurance à la petite fille qu’elle était. Tout heureuse de profiter du développement de son don, sans aucune précaution, elle dévoilait ce qui était caché, du passé comme du présent, et découvrait le futur comme par magie, tout d’abord à ses camarades, puis elle répondit à la curiosité des novices et des nonnes. Elle ne se rendait pas compte des portes qu’elle ouvrait, des destinées qu’elle révélait. Elle ne faisait que devancer le temps à la grande curiosité des membres de la communauté dans laquelle elle vivait. Mais elle ne savait pas que certains ne voulaient pas savoir à l’avance, d’autant qu’ils pensaient cela impossible. Notre destinée, ne la traçons-nous pas à chaque pas que nous faisons ? Marie-Anne ne le pensait pas, des images venaient à elle, des voix lui confiaient l’avenir de tout un chacun. Forte de cela, elle annonça à qui voulait l’entendre que l’abbesse du couvent allait être destituée. À cette annonce, elle s’attira les foudres de la mère supérieure, outrée de cette impertinence. jean-baptiste greuzeComment pouvait-elle se prendre pour Dieu ? Comment pouvait-elle prétendre s’occuper de la vie des Grands ? Elle fut châtiée pour avoir dit des ignominies, et dû faire pénitence. Elle trouva cela injuste, mais elle apprit, enfin un peu. Contre toute attente, la prédiction se réalisa, aussitôt le couvent se retourna vers la petite fille et lui demanda plus d’informations. Trop jeune, pour comprendre le danger, la vanité de la victoire lui fit dire la suite. Elle annonça que ce serait une dame de Livardie que l’on nommerait à sa place. Dix-huit mois après, le choix du roi vint confirmer cette prédiction. Toutefois, la nouvelle supérieure préféra éloigner cette pythonisse dérangeante au plus vite. Les Bénédictines placèrent la fillette dans une maison de couture pour y apprendre le métier. Mais c’était sans compter sur le tempérament de la jeune fille. La couture ? Qu’avait-elle à faire de ces travaux manuels qui lui abîmaient les mains et qui l’ennuyaient ? Elle avait mieux à faire, elle préférait s’occuper de cartomancie, de divination, et de frivolités que de travaux utiles et sérieux. Elle avait alors tout juste onze ans.

tarot d'EtteillaComme toutes ses jeunes compagnes, Marie-Anne découvrait l’avenir vaille que vaille à l’aide des cartons peints d’Etteilla, jeu de cartes offert par la gitane. Elle présentait à ceux qui le désiraient de grandes espérances qui enfantaient de grands projets et un avenir dont les nuages s’éclaircissaient aux rayons de son ambition. Malgré cela, elle s’ennuyait, son monde était petit. Parmi les clientes de la maison de la couture venait une madame Hébert qui sans cesse parlait de son fils Jacques-René parti faire fortune à Paris où il était devenu, parait-il, un auteur à succès. L’histoire lui plaisait d’autant qu’un jour,  dans un journal, elle lut les dires de son compatriote Hébert, qui, chassé d’Alençon, pour des placards calomnieux, écrivait de Paris qu’il y avait fait une belle fortune : ce qui n’était pas vrai, mais elle ne demandait qu’à le croire. Cela enflamma ses espoirs et l’idée qu’il suffisait de se rendre dans la capitale pour y cueillir à pleines mains l’or du Potose et les lauriers du Parnasse, lui paraissait évident.

Elle avait quatorze ans, ne consultait pas encore son grimoire, et savait à peine faire la grande patience ; mais une chose était sûre, elle la perdait. Ce n’était pas dans le quartier des étaux d’Alençon qu’elle pouvait espérer voir s’accomplir les hautes destinées auxquelles elle prétendait : il lui fallait un plus grand théâtre. Consciente de ses capacités à prédire l’avenir et de son charme naturel, Marie-Anne décida de quitter sa ville natale et de partir rejoindre son beau-père qui venait d’ouvrir un magasin à Paris. C’était à la veille de la Révolution.

“Marchande de Modes” engraving from Robert Bénard's Encyclopédie, 1777.Elle se plaça comme vendeuse dans un magasin de frivolités de la rue Honoré-Chevalier, et reprit dès qu’elle put ses prédictions et ses tours de cartes. Du fond de la boutique, elle fut remarquée par Amerval de la Saussotte, un bel aristocrate, personnage assez trouble et libertin, amateur de frais minois. Il vint, revint, acheta des bagatelles, puis l’invita. Elle tomba follement amoureuse du bellâtre, propension qu’elle aura régulièrement. Il faut dire que l’homme avait de l’allure, du panache et en jetait ; de la poudre aux yeux surtout. La jeune fille s’empressa de se mettre sous sa protection et demeura quelque temps auprès de lui. Pour faire taire les médisances, car elle tenait à sa réputation, elle occupa officiellement auprès de lui la fonction de « lectrice ». Il l’entraîna dans le monde, bal, salle de jeu, théâtre. L’univers du spectacle devint pour elle une véritable passion. Elle fréquenta ce milieu avec assiduité en tentant d’y placer les pièces qu’elle écrivait. Son imagination fertile avait trouvé un autre exécutoire, la plume la démangeait. Si ses talents littéraires ne furent pas probants, elle n’en connaît pas moins ses premiers succès de voyante dans le milieu des acteurs. Elle continua donc ses prédictions et tira les cartes à toute personne qui se présentait. Peu à peu, sa renommée prit forme et bon nombre d’individus se bousculaient pour lever le voile de leur destin. Les personnes, qui vinrent, étaient plus conduites par leur curiosité de tester les pouvoirs prophétiques de Marie-Anne que par la crédulité. La plupart furent confondus par la connaissance qu’elle affichait avec les détails les plus secrets de leur histoire passée. Ils finissaient par placer une confiance tout d’abord réticente, en contradiction avec toutes leurs habitudes de pensée, dans ses prédictions de l’avenir. Le bouche-à-oreille fit son office, d’autant qu’au moment où Louis XVI convoqua les états généraux, elle prédit la chute de la monarchie qui comptait huit siècles d’existence, la dispersion du clergé, et la suppression des couvents. Personne ne l’a cru, hormis ceux qui le désiraient, mais l’annonce sulfureuse fit son office et propagea sa réclame.

Louis Roland TRINQUESSE (Paris 1746-vers 1800) Jeune femme assise Sanguine ...Ce petit jeu dura quelque temps, mais en 1790, la jeune femme eut d’autres aspirations et incita son amant de l’emmener à Londres. Elle avait une idée derrière la tête. Deux choses l’y incitaient. La première était une prédiction de la gitane de son enfance, qui prétendait qu’elle deviendrait célèbre à l’étranger. La deuxième était un article lu dans un journal, Le Courrier de l’Europe, sur le célèbre docteur Gall, l’inventeur de la phrénologie. Elle désirait le consulter. elle se précipita aux conférences du professeur, prestigieux phrénologue. Quinze jours ne s’étaient pas passés après son arrivée que le docteur acceptait de la recevoir, il avait déjà entendu parler d’elle. Celui-ci, après lui avoir palpé longuement le crâne, s’écria, au grand scepticisme d’Amerval de la Saussotte : « La bosse ! Vous possédez la bosse de la divination. vous êtes comme la pythie de Delphes, vous avez la protubérance des grands voyants. Vous serez la plus grande sibylle d’Europe ! » Elle exulta, d’autant qu’elle n’en doutait pas. le professeur parla autour de lui de cette extraordinaire jeune fille au don étonnant grâce à la singularité de son crâne. il en parla tant et si bien que le bruite vient jusqu’aux oreilles du prince de Galles, fils du roi George. de là, à lui accorder un rendez-vous, il n’y eut qu’un pas. Cela entraina toute l’aristocratie anglaise à la consulter? Elle insista pour rester à Londres, son amant accepta. C’était un joueur invétéré et sa réputation était encore bonne dans la capitale anglaise. Mais, malgré une réputation naissante et une fortune qui s’arrondissait, elle finit par s’ennuyer de son pays natal, de sa famille et décida de retourner à Paris au début de l’année 1792. Un peu moins de deux ans s’étaient écoulés.

À peine réinstallée dans l’appartement de son amant, Marie-Anne reprit sa vie parisienne et ses habitués reprirent le chemin de ses prophéties. Les clients se succédèrent, Mademoiselle Clairon, la tragédienne Mademoiselle de Raucourt et Talma ayant appris son retour furent les premiers, puis, dans la nuit du 9 août 1792, la princesse de Lamballe en proie à un cauchemar violent tint à connaître ses prédictions à son encontre. Marie-Anne amoindrit tant bien que mal la vision d’horreur qui faillit la foudroyer quand elle prit la main de la princesse. Peu après les massacres de septembre, Camille Desmoulins lui fut envoyé par le Député Fréron, puis Danton et Fabre d’Églantine voulurent savoir. Au premier elle prédit la trahison d’un ami de jeunesse qui le mènerait à la guillotine et à l’autre le même destin mais c’est la jalousie qui lui ouvrirait le funeste chemin, le troisième les accompagnerait. Marie-Anne commença à s’inquiéter, elle ne savait plus comment faire pour ne pas annoncer de drames. Les tourments du moment envahissaient son esprit. Elle savait que l’on ne pouvait qu’annoncer l’avenir pas le changer.

Joseph FouchéUn soir, à la nuit tombée, alors qu’elle s’apprêtait à partir au théâtre, elle reçut la visite discrète d’un homme qu’elle devait revoir souvent. Elle s’apprêtait à refuser, quand elle pressentit qu’elle se devait de satisfaire sa demande. Elle n’aurait su dire pourquoi, mais elle était sûre que cet homme était lié à son destin. Cela peut paraître étrange aux néophytes, mais voir pour les autres est plus facile que décrypter son propre chemin. La sibylle a toujours peur de fausser sa vision tant elle est impliquée. C’était un homme sec, maigre, qui se drapait frileusement dans une cape noire et qui ressemblait fort à un ecclésiastique. Elle fut comme envoûtée par le regard gris, qui ne la quittait pas. elle lui prit la main pour voir le dessin de ses lignes. Ce qu’elle vit l’effraya, tant aux pas de cet homme du sang coulait. tout en étalant les cartes, elle prédit à ce client anonyme une longue vie et une fin hors de son pays natal, dans un port ensoleillé. En attendant, elle lui annonça du sang, de l’or et de l’ombre. Celui qui s’était assis devant elle s’appelait Joseph Fouché. L’homme au passé sulfureux deviendra ministre de la Police, sera fait duc d’Otrante et mourra à Trieste… un port ensoleillé d’Italie.

Jean-Honoré Fragonard (The Visit to the Nursery, 1775-001Marie-Anne savait qu’elle allait être touchée par la tourmente révolutionnaire. Elle attendait le moment. Ce fut en pleine « Terreur », en 1793, que les Sans-Culottes vinrent arrêter Amerval pour le guillotiner. l’aristocrate faisait part d’un complot initié par un certain baron Batz qui avait pour objet de faire libérer la reine Marie-Antoinette et qui resta sous le nom « le complot des oeillets« . Elle l’avait prévenu. Il avait fait celui qui ne croyait pas, il était en fait fataliste. Que pouvait-il faire contre son destin ? Elle n’avait pas d’arguments. Quant, au petit matin, les gardes se présentèrent, Amerval les retint, laissant le temps à Marie-Anne de s’enfuir, échappant ainsi de justesse à la rafle. Elle avait voulu rester auprès de lui jusqu’à la dernière minute. Elle trouva refuge dans un garni proche du Palais-Royal.

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