nos personnages qui nous hantent

Francesco Hayez (Vengeance is Sworn, 1851

Francesco Hayez (Vengeance is Sworn, 1851

Écrire une histoire que ce soit une nouvelle ou un roman, c’est le plus souvent partir d’un thème qui nous touche ou d’un personnage qui nous séduit et qui parfois, voire souvent, a la thématique dans ses bagages, fardeau qu’il va nous délivrer au détour de nos écris.

Francesco Hayez: suzanne au bain

Francesco Hayez: suzanne au bain

On ne choisit pas un personnage. Il s’impose à nous, il nous prend par la main et nous entraîne. Je ne vous parle pas des faire-valoir présentés en deux lignes, un ou deux traits physiques, une profession et le tour est joué. Non, je vous parle de celui qui va nous hanter toutes les nuits et qui en plein jour va triompher de nos pensées, de nos réflexions.

Comment vient-il à nous ? De façon inattendue ! Une image, un portrait, une personne croisée sur notre chemin, un souvenir incarné, c’est variable. Il est là devant nous et ne quitte plus nos pensées, jusqu’à ce que nous nous décidions à lui donner vie. C’est tout d’abord fugace, puis les premières informations qui lui donnent chair nous viennent de façon sporadique. Nous l’installons dans une époque, un décor, nous lui faisons faire quelques pas dans une trame puis nous le lançons dans une autre direction. Puis vient l’idée, la problématique prend forme. À partir de là, cela peut partir dans tous les sens alors nous nous posons, nous prenons le crayon et le papier ; je préfère cela au clavier dans un premier temps, mes pensées, aussi sporadiques soient-elles, glissent mieux sur la feuille. Nous entrons en phase descriptive. Pour ma part, je cherche un ou plusieurs tableaux qui s’approchent de ma vision. Le physique et les caractéristiques de notre créature se dessinent au fil des lignes et en parallèle son caractère prend corps. Nous lui donnons une date de naissance parfois simplement un âge ; personnellement, je vais jusqu’à l’heure et je lui tire un thème astrologique qui souvent me sert de guide, ou je suis les grandes lignes d’un signe du zodiaque ; une fantaisie. Nous lui créons une famille, un entourage, certains de ces membres vont prendre de l’importance, ils vont influencer sa vie, donc notre histoire.

Francesco Hayez (Vengeance is Sworn, 1851 (Details)

Francesco Hayez (Vengeance is Sworn, 1851 (Details)

Nous allons parfois rentrer en conflit avec notre personnage ou ceux qui dans son entourage vont prendre de l’ascendant et vont donc suivre le même chemin de création et d’incarnation. Nous croyons les dominer, que nenni, ils nous tracent la voie dans les méandres de leur vie, nous obligeant parfois à tracer des lignes imprévues qui nous surprennent. Ils nous plongent dans les méandres de la passion, de l’angoisse, de l’euphorie. Ils nous hantent, nous font faire mille réflexions. Il faut les faire rentrer dans le cadre de leur actualité, suivant le sujet, la période historique ou le dénouement que nous désirons. Il faut lutter, ils nous emmènent sur d’autres routes, parfois nous offrent d’autres perspectives et nous font changer le destin de notre écrit. Parfois nous ayant entraîner dans une impasse leur devenir nous taraude sans fin. Nous reprenons sans cesse le passage cherchant l’ouverture et, oh soulagement, elle s’entrouvre et notre personnage devenu un héros ou une héroïne nous prend par la main et nous guide ; il faut parfois lui rappeler le cadre qui l’entoure pour ne pas faire d’anachronisme même si dans son insouciance il avance sans se soucier de l’ensemble. Il nous faut alors lui rappeler que nous sommes son créateur.

Francesco Hayez (suzanne au bain

Francesco Hayez (suzanne au bain

Nous finissons par les aimer, les chérir ou les détester ; mais cela rarement, même si ce sont les méchants de l’histoire. C’est un déchirement de les quitter ; que d’émotion de culpabilités si nous les projetons dans quelques actes fatals irrémédiables ! Et puis il nous faut les quitter, clôturer l’écrit. Ne croyez pas que c’est fini. Avec nous, ils restent et jamais ne nous quittent au point qu’ils nous font croire qu’ils ont un jour été de chair et de sang…

2 réflexions sur “nos personnages qui nous hantent

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