La Palmeraie / De tempête en tempête chapitre 35

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Chapitre 35

Esther et Pierre Henri Hautbois, décembre 1793

Esther

Le dernier cyprès tomba sous les coups de hache des esclaves. Pierre-Henri contemplait avec fierté le travail accompli, le bungalow, réalisé sur les plans de celui déjà existant dans l’autre partie de la plantation, était terminé, et les deux premiers hectares étaient déboisés, cela avec la vingtaine de nègres que Georges Tremblay lui avait concédés. Encore quelques souches à extirper du sol et la terre grasse serait prête à accueillir les pieds de coton. D’ici aux premiers semis, il aurait bien réussi à en faire tomber le double. La lumière du jour finissant annonça la fin du labeur.

Lorsqu’il intégra le bungalow, une odeur de soupe épicée lui flatta les narines accentuant sa faim par gourmandise. Il traversa le lieu d’habitation sommairement meublé et retrouva Esther dans le petit bâtiment construit à l’arrière pour la cuisine. Sa maîtresse qui ne l’avait pas entendu entrer, tournait le dos à la porte. Elle semblait parler au contenu d’une caisse. Pierre-Henri sourit de bonheur et s’exclama faisant sursauter la très jeune femme « — alors comment vont mes femmes ! 

— Chut ! Elle vient de s’endormir, gronda-t-elle en riant et en montrant le nourrisson installé dans ce qui lui servait de berceau. Le père s’approcha du poupon dont le premier duvet tendait vers un roux orangé, ce qui l’amenait à la surnommer « ma petite orange » par le père, et que la mère reprenait chaque fois « — elle s’appelle Nouria ».

*

L’arrivée des meubles de sa sœur avait coupé l’herbe sous les pieds de sa colère. Antoinette-Marie avait tout d’abord écarté de ses pensées la grossesse d’Esther. Elle avait fini par s’en entretenir avec Marie-Adélaïde qui lui avait fait relativiser les faits. « — vous savez Antoinette, sur toutes les plantations il existe des bâtards de blancs qui ont passé leurs instincts sur des négresses, au moins pour Esther, c’était consenti et ce n’était pas Juan-Felipe. » Encore heureux, pensa la jeune femme. Marie-Adélaïde reprit. « — si cela vous gêne, ce que je comprends, faites comme la plupart des maîtresses de plantation, éloignez la fautive, renvoyez-la aux champs.

— Mais c’est injuste, c’est trop cruel !

— Alors, fermez les yeux.

— Il doit y avoir une autre solution ? Je reconnais que je n’aime pas l’idée de cette grossesse.

— Antoinette, ne soyez pas prude. Regardez les choses en face, c’est notre monde. Vous y serez confrontée en diverses occasions, et vous mettrez vous martel en tête chaque fois ?

— Je ne sais pas, mais cette fois-ci c’est Esther. Je l’avoue, bien que ce soit ma chambrière, j’aimerais un tant soit peu la protéger.

— Alors, voyez avec Georges qu’il éloigne Hautbois-Guichette, renvoyez-le !

— Ah non ! Et l’enfant d’Esther ?

— Antoinette, quoiqu’il arrive cet enfant sera un bâtard, et il sera considéré comme un nègre, quelle que soit la couleur de sa peau. » Marie-Adélaïde n’appréciait pas le discours qu’elle tenait à son amie, mais elle ne pouvait faire autrement, Antoinette-Marie devait admettre le monde dans lequel elle vivait. Cette conversation faisait écho à une semblable que la maîtresse de la plantation avait échangée lors du projet d’émancipation de Mama-Louisa avec son notaire. Elle avait toujours du mal à saisir la complexité de la situation, non pas la grossesse d’Esther, mais la perception que les uns et les autres avaient de la couleur de la peau. De celle-ci était déterminée le statut de la personne et sa place dans la société. Elle était troublée, elle-même n’était pas assurée de ce qu’elle croyait. Elle avait des difficultés à s’avouer que si elle ne voyait pas ses esclaves comme des meubles, elle ne les pensait toutefois pas son égal. Pour Mama-Louisa, c’était autre chose, sa peau claire et sa confiance hautaine l’écartaient de cette catégorie subalterne. Tout cela bouleversait sa façon de raisonner, la mettait mal à l’aise. Elle n’aurait pas su dire pourquoi. Elle percevait bien l’injustice, mais n’arrivait pas à se rebeller contre elle, elle la ressentait comme une normalité et admettait qu’en dehors de quelques sursauts elle vivait avec. La plupart des personnes de son entourage ne se posaient pas ce genre de question ou du moins ne l’auraient pas avoué, elle en voulait presque à Esther de l’obliger à y réfléchir. Elle sauvegardait sa conscience en demeurant clémente avec ses esclaves, les préservant des mauvais traitements et subvenant à leurs besoins quotidiens. Faire travailler ce peuple noir n’était pas ce qui la gênait, que les blancs soient supérieurs était pour elle une évidence que son éducation, son ignorance des autres ethnies et la religion avaient faite sienne. Ce qui la perturbait c’était la possession. La notion de propriété ne l’avait jamais effleurée, protégée au sein du château de Cambes comme au sein d’un couvent, elle n’avait rien détenu avant de mettre les pieds sur le ponton de la plantation, pas même elle-même. Les femmes de sa famille l’avaient vendue pour son bien être au fils du baron de Thouais. Mais l’on donnait en mariage toutes les filles en échange d’un supplément de pouvoir, de patrimoine, cela était somme toute normal. Elle n’avait appris qu’au moment de son veuvage qu’elle avait été pourvue par ses bienfaitrices de terres et de biens presque équivalents à ceux de son époux. Elle admettait que dans son cas, il n’y avait qu’elle qui avait tiré bénéfice de ce mariage. Tous les cadeaux reçus depuis son départ de Cambes sous la forme de son trousseau avaient été pour elle un dû, une justice, d’autant elle l’avait obtenu au moment où elle prenait conscience de sa situation au sein de sa famille, de l’abandon, du rejet de son père. Elle n’avait pas été malheureuse auprès de la famille Freydou, elle avait vécu simplement sans identité définie, ou tout du moins la lui avait-on cachée. Ce secret l’avait fait souffrir, car personne ne l’avait aimé avec naturel excepté Antonin, son frère de lait. Aussi lorsque Madame de Maubeuge, devenue depuis son amie, lui avait offert sans affectation Esther, avait-elle été très perturbée. Posséder un être humain lui semblait inconcevable, non pas qu’elle leva le masque sur ce fait, si elle avait été ignorante son séjour à Saint-Domingue l’aurait éclairé, mais c’était pour elle impensable jusqu’à ce qu’elle fût mise au pied du mur. Quand elle avait admis que dans la société dans laquelle elle entrait cela été incontournable et que son mariage la rangeait d’office dans la catégorie des propriétaires d’esclaves, elle avait couvert d’affection sa femme de chambre pour compenser sa prison. Elle s’était fait une obligation de protéger de son mieux ses esclaves, ses nègres, comme tous disaient dans son entourage, aussi, avait-elle été meurtrie de savoir sa domestique enceinte de son économe. Elle avait failli à son devoir. Elle ne l’avait pas défendue de ce qu’elle soupçonnait être des désirs libidineux de celui-ci. Mais peut-être que Marie-Adélaïde avait raison, elle s’imaginait peut-être une montagne de rien. Et puis s’était niée à Esther la possibilité d’avoir des sentiments et cela la faisait culpabiliser, car elle avait réalisé qu’elle avait fait d’Esther sa possession. Un être infantilisé qui ne pouvait réfléchir par lui-même. Tout cela la troublait, elle se devait d’éclaircir sa vision des choses pour que sa vie corresponde à sa façon de voir. Mais pour l’instant, elle était dans l’obligation de se décider. Elle chercha donc une solution auprès de son contremaître.

*

Pierre-Henri Hautbois Guichette

De toutes les cultures, celle de la canne à sucre était la plus dure. Les sucreries roulaient ordinairement sept à huit mois de l’année pendant ce laps de temps, ils devaient constamment réaliser le quart à tour de rôle. Georges Tremblay avait engagé deux suppléants, deux Français, deux frères, eux aussi du Sud-ouest. Malgré ça, cette période s’avérait la plus pénible pour Pierre-Henri, il avait du mal à trouver du répit, fumigé par les vapeurs des chaudières, par la chaleur infernale des fourneaux. Aux bruits tumultueux de la machine, des chansons et des apostrophes des nègres de quart, il somnolait parfois sur un fauteuil tout en surveillant la besogne des esclaves et le bon fonctionnement de l’appareillage. Remplacé par un des suppléants, car le processus ne pouvait être suspendu, dans un faible état d’assoupissement, provoqué par une fatigue excessive, il allait se reposer dans une cabane construite à cet effet et ouvrait les yeux au son de la cloche qui réveillait l’atelier et lui signifiait le lever du jour. Le regard embrumé, il allait se baigner dans le bayou qui tempérait la température du moulin. La lassitude accablante qui le tenait pendant toute cette durée lui aurait fait céder dix ans de vie pour jouir d’une heure de plus de sommeil. Mais la manipulation commençait le dimanche à cinq heures du soir et s’écoulait jusqu’à sept heures du matin du dimanche suivant. Elle ne pouvait être interrompue sans occasionner une altération préjudiciable à la qualité du sucre à cause de la lente fusion du vesou. Les employés ne se permettaient l’arrêt de la chaudière que dans un cas forcé. Mais il tint bon ce qui conforta Georges Tremblay dans son choix d’embauche.

Pierre-Henri fut donc étonné quant au milieu de sa surveillance du précieux liquide, Abraham vint le chercher sur ordre de la maîtresse. Il se fit remplacer par un des frères Lamotte et suivit le majordome.

*

La jeune femme marchait de long en large dans le bureau de la plantation. La demeure désormais pour ainsi dire meublée affichait en plus de tout le confort voulu, une patine élégante que toute créole appréciait d’exposer. Une table de travail plate marquetée ornait le centre de la salle. Les murs couverts d’étagères supportaient des livres, d’autres les registres de la propriété. Le baron de Thouais, père de son premier époux, avait laissé dans des caisses, pléthore d’ouvrages devant agrémenter la pièce. Elle avait déniché des œuvres de Démosthène, Virgile, Cervantes, Montaigne, Bossuet, La Fontaine, Le Sage, Marivaux, Fontenelle, Rousseau, Marmontel, Raynal, une Histoire romaine, Bourdaloue, Massillon, le jeune Anarchasis, les mémoires de Mme de Maintenon, des livres historiques, des récits de voyage, des essais d’histoire naturelle, de mathématiques et de philosophie, des pièces de théâtre et des romans, sans omettre des manuels d’études et de piété. Au total, sept cent trente-neuf volumes constituaient la bibliothèque. C’était une pièce qu’elle appréciait, elle y passait le soir des heures studieuses sur les registres qu’elle tenait à jour, soulageant de la sorte son contremaître et s’appropriant ainsi la vie de sa propriété. Elle y avait découvert sa fortune, ses possessions, ses gens et la difficulté de faire vivre et fructifier ses biens. Elle s’intéressait au moindre détail de l’existence du domaine. Elle y mettait un sérieux et une rigueur qui rassurait Georges Tremblay et réjouissait Marie-Adélaïde. Elle tenait également son journal, reflet de sa vie et de ses pensées. Elle y transcrivait ses soucis, ses joies, ses craintes. C’est devant ce bureau qu’elle écrivait en France toujours aussi régulièrement sans pour autant recevoir de réponse. Elle finit par interrompre son va-et-vient et s’assit sur le fauteuil installé face à la porte-fenêtre qui donnait sur l’un des escaliers allant vers le jardin d’agrément. Elle rajusta sur ses épaules son étole. Pierre-Henri frappa contre la porte ouverte de la pièce avant d’y pénétrer, malgré le sourire de sa maîtresse, il sentit tout de suite le malaise.

« — Asseyez-vous Pierre-Henri. J’ai à vous entretenir de ce que nous pourrions appeler un problème. » Il prit place, pas très à l’aise, devinant ce qui allait suivre, déjà prêt à réagir, à se défendre, à se justifier. De son côté, elle resta debout, visiblement agitée, toucha comme chaque fois son pendentif contenant la reproduction du château de Cambes, cadeau de madame de Verthamon, et ne sachant pas trop par où commencer, se dirigea vers une étagère comme si elle cherchait quelques livres ou registres. Elle regrettait à cet instant de ne pas être un homme, mais elle n’avait pas voulu que ce soit Georges Tremblay qui règle ce problème. Elle avait décrété que c’était son rôle, et si Juan-Felipe avait été présent, cela n’aurait rien changé, c’était elle la maîtresse de la Palmeraie. « — je ne suis pas sans vous apprendre que ma chambrière est enceinte de vos œuvres, comme il allait intervenir, elle l’arrêta dans son élan ; non, laissez-moi continuer. Vous connaissez donc mon mécontentement. Comme nous ne pouvons revenir en arrière, pour le bien de celle-ci, j’ai cherché une solution… Il m’a été proposé de vous renvoyer, mais outre que cela n’aurait pas résolu le sort d’Esther, Georges tient à vous garder, car il semblerait que vous soyez un économe de valeur. Donc, j’ai décidé avec celui-ci de vous envoyer défricher la partie nord de la plantation afin de mettre en terre du coton. Et dans l’intention de permettre à Esther de vivre correctement vous y construirez un bungalow identique à celui qui héberge monsieur et madame Tremblay. De plus, je prendrai sur votre paie de quoi affranchir Esther et son enfant à venir au moment voulu. Si cela ne vous convient pas, la porte est ouverte. » Elle avait récité sa tirade d’une traite tout en souhaitant qu’il ne l’interrompe pas. Pierre-Henri était soufflé, il était loin de s’attendre à cette proposition qui sous des dehors de punition était plus qu’il ne pouvait en espérer. S’il avait pu, il aurait embrassé sa maîtresse pour la remercier, mais il préféra jouer profil bas. « — quand dois-je commencer ?

— Vous partirez dès lundi avec dix hommes que vous donnera monsieur Tremblay, vous démarrerez par le bungalow, Esther viendra s’occuper de son entretien quand elle aura accouché.

— Bien madame. »

*

De la fin de l’été à l’hiver, avec les esclaves octroyés, il avait tout d’abord dégagé et façonné les allées de la plantation dans la portion vierge de celle-ci, rejoignant celles qui étaient existantes. L’ensemble forma un quadrillage permettant d’accéder à chaque partie du domaine même les plus sauvages. Au milieu, il avait construit une maison basse entourée d’une véranda, puis avait commencé le défrichement des futurs champs alloués au coton. À la fin de l’automne, Esther accoucha sans problème d’une petite fille, baptisé Nouria, et comme promis, elle vint s’installer auprès de lui. À l’hiver, il vit arriver Georges Tremblay. Celui-ci lui annonça qu’il quittait la Palmeraie devenu propriétaire de la plantation voisine et que désormais il partagerait son poste de contremaître avec Francisco Alvarez-Pignero. Ce fut lors de cet échange qu’il apprit le mariage de son comparse avec la fille des Bertin-Dunogier et que par conséquent pour plus de commodité, il laisserait le nouveau bungalow au jeune couple. Comme il était visiblement contrarié, Georges Tremblay l’avisa qu’il allait dorénavant habiter à sa place derrière la demeure des maîtres. Cela sous-entendait qu’Esther et leur fille le suivaient. Décidément, la chance lui souriait, cela faisait trois ans qu’il était arrivé dans la colonie et les circonstances lui offraient un poste dont il avait à peine eu le temps de rêver. La terre ne le portait plus, tellement il s’avérait heureux.

*

Jeanne-Gabrielle Bertin-Dunogier

Le jour passait au travers des jalousies. Elle avait le cœur lourd, plein de rancœur et de résignation. Elle s’assit sur le lit fixant les rais de lumière sur le plancher. Elle resserra sa tresse de cheveux, y ramenant les mèches blondes qui s’en étaient échappées. Sans attendre sa chambrière, Jeanne-Gabrielle repoussa la mousseline qui lui servait de moustiquaire. Une semaine auparavant, elle était devenue doña Alvarez-Pignero et avait décidé de ne jamais revenir dans la maison de son enfance. Elle avait accepté d’épouser le contremaître de la plantation voisine, elle qui aurait dû être la maîtresse de cette plantation ou d’une semblable, mais le sort en avait tranché différemment. Sa colère larvée en son sein la rongeait, elle était allée aux marches de l’autel donner son consentement comme l’on allait à une exécution, à celle de l’anéantissement de son avenir. C’était sa destinée, elle avait retourné sa situation dans tous les sens et n’avait pas trouvé d’autres portes de sortie. Son futur mari n’était pas en soi désagréable. Elle l’estimait sans intérêt, une allure plaisante, mais peut-être un peu trop taciturne à son goût. Son unique avantage, mais qui ne lui apportait guère de valeur à ses yeux, était d’être épris d’elle. C’était son problème, elle n’avait rien réclamé. Tout au plus s’avèrerait-il plus maniable. Si cela n’avait été que d’elle, elle n’aurait pas baissé le regard vers lui. Elle ne l’avait agréé que pour deux raisons, la première, il était le fils cadet d’un comte espagnol et la deuxième, et celle-ci la faisait rager, il était le seul à l’avoir demandé. Elle oubliait un peu vite tous les refus hautains qu’elle avait distribués au fil de ses caprices, au temps où elle aurait pu prendre en mariage n’importe lequel de ses voisins. Plus d’un héritier s’était mis sur les rangs, elle était jolie voire plus, et la légataire de la plantation de son père. Mais trop gâtée, ce qu’elle n’aurait pas admis, elle avait rechigné, elle attendait celui qui ferait palpiter son cœur comme dans les romans. Seulement le temps en avait décidé autrement. Elle avait vingt ans, toute sa beauté, mais elle ne possédait plus de dot.

Elle n’en montrait rien, mais ressassait intérieurement son sort funeste auquel elle ne détectait aucun avantage. Elle ruminait encore ses idées noires quand entra Rebecca sa chambrière, sur qui elle passa sa mauvaise disposition. Un peu plus âgée qu’elle, la métisse l’avait suivie dans sa nouvelle vie avec deux de ses sœurs, madame Bertin-Dunogier en avait décidé ainsi. L’esclave ouvrit les volets sur un temps poisseux de chaleur et d’humidité que sa maîtresse trouvait déjà incommodants. Elle redoubla de reproches envers sa servante, mais celle-ci connaissait trop bien ses changements d’humeur pour que cela perturbe son flegme coutumier. Elle la prépara patiemment, la coiffant et l’habillant d’une robe de linon nouée lâche autour de sa taille, une fois fait la femme de chambre la laissa seule. Gabrielle regarda avec ennui le mobilier qu’elle avait ramené de la plantation paternelle. Avec ses meubles, sa garde-robe, quelques bijoux, dont une parure que sa mère lui avait offerte pour son mariage, ainsi que trois esclaves de maisons, elle ne détenait rien et cela la mettait hors d’elle. Elle se retrouvait entièrement dépendante de son époux qui n’avait lui-même pas grand-chose. Elle se savait de mauvaise foi, il possédait de quoi acheter des terres, mais pas assez pour les cultiver, il attendait donc son heure. Lui-même avait de quoi avoir du ressentiment, du fait que l’ancien Gouverneur don Miró avait, bel et bien, négligé sa promesse de le pourvoir d’une concession. Plus patient et plus pragmatique, ne voulant pas aller à l’échec, Francisco avait remis à plus tard ses projets sans intention de les oublier. Le coup du sort qui venait d’arriver à Georges Tremblay le laissait espérer en des jours meilleurs. Il s’était donc rendu avec joie à la cérémonie, puisqu’il allait épouser celle pour qui il soupirait. Son allégresse avait été de courte durée, l’abbé Antonio avait béni leur union dans la petite église de Bringier, s’y était entassée la communauté de voisins. Devant la froideur de la mariée, Marie-Adélaïde n’avait pu s’empêcher de confier à Antoinette-Marie ses craintes quant au bonheur du couple, ce qui avait crispé l’estomac de cette dernière, instigatrice de l’hymen. À quelques bancs des deux comparses, Pierre-Henri septique, lui aussi, regardait l’échange des consentements, Francisco y mettant visiblement tout son sérieux. Il n’enviait pas son compagnon bien que la jeune épousée, dans sa robe, couleur azur, agrémentée au décolleté et aux bas de manche de volants de linon, était ravissante. Il se révélait évident qu’il allait devoir dresser la belle, ce en quoi il ne s’inquiétait pas trop pour avoir vu son ami dompter des juments récalcitrantes. Cette image le fit sourire. La cérémonie finie, tous se retrouvèrent sur les pelouses de la Palmeraie où les attendaient un veau et un cochon sur des braises entretenues par Abraham et les regards inquisiteurs d’Hyacinthe et de Nathanaël. Des tables installées dans la galerie trônaient sous l’œil approbateur de Mama-Louisa, un buffet richement garni et servi par toutes les esclaves de maison, était le cadeau de bienvenue d’Antoinette-Marie. Elle accueillit Gabrielle comme un nouveau membre de la famille. Celle-ci la remercia du bout des lèvres, elle lui en voulait encore d’avoir convolé avec Charles-Henri de Thouais, son premier mari, et ainsi être devenue la maîtresse des lieux. C’était irrationnel, rien hormis ses rêves ne lui avait réservé cette place, mais elle avait espéré, toute jeune fille, épouser son voisin et c’était une Française de France, contre toute attente, qui avait balayé ses illusions. Et maintenant, elle lui devait en partie son récent statut, ce semblant de sécurité.

Le soir venu, le landau avait été attelé pour emporter les mariés dans leur nouvelle maison. Après avoir dit au revoir à tous, ils avaient parcouru les quelques toises qui les séparaient de leur destination. Devant le bungalow si ridicule aux yeux de la jeune épousée, elle était tombée en larmes, c’en était trop pour elle. Francisco, désemparé, l’avait consolée et rassurée, pendant la journée, il avait été meublé, elle allait rentrer en possession de tout son confort. Et contre toute attente, elle lui avait fait une scène, l’accusant de tous ses malheurs. Ne sachant que faire, il l’avait laissée dans les mains de sa chambrière. Dans la semaine qui suivit elle refusa de le voir ou tout comme. Francisco prit son mal en patience, il pensait que c’était beaucoup pour la sensibilité d’une femme.

Ce matin-là, comme les précédents, Gabrielle se retrouva désœuvrée ; depuis la galerie, elle fixait la voie qui menait vers le fleuve. Celle-ci avait été ouverte au milieu de la forêt encore en friche, elle rejoignait, comme l’allée de chêne de la Palmeraie, la route le longeant. Mais autant l’une était ordonnancée entre ses arbres et ses pelouses, apanage de la maison de maître, autant celle-ci n’était qu’un chemin pour charrette traversant un univers sauvage. Quant à celle qui passait devant le bungalow, c’était à peine mieux, et en angle droit, elle menait directement dans la partie cultivée de la plantation. Les bras croisés sous la poitrine, elle réfléchissait à son devenir, ressassant des idées noires. Elle sursauta au son de la voix de Francisco. « — bonjour madame, avez-vous bien dormi ?

— Oui ! oui ! bien sûr ! » Elle pensait qu’il allait en rester là. Rien que de le voir cela l’agaçait. Il la gênait dans son ennui. « — désirez-vous que je vous accompagne jusqu’à la plantation, madame de Puerto-Valdez se fera un plaisir de vous recevoir ? »

Francisco Alvarez Pignero

Durement, elle lui répondit. « — Que voulez-vous que cela me fasse ! Je n’ai aucune velléité à la fréquenter ! » Elle lui tourna le dos et s’apprêta à rentrer. Il la retint par le bras et gardant son sang-froid, il reprit. « — Madame ! Personne ne vous a obligé à m’épouser et cet engagement, non consommé, peut encore se rompre. De plus, que vous n’ayez pas envie de me souffrir, c’est une chose que je supporterai un certain temps, mais en aucun cas vous n’entacherez mon nom et ma situation par un comportement infantile. Madame de Puerto-Valdez est ma maîtresse et notre hôtesse. Elle n’est pour rien dans vos malheurs. Tout ce que vous avez autour de vous a été généré pour vous, donc, vous lui restez redevable. Avec ou sans moi, vous irez lui porter vos respects. Si par cas, vous en jugiez autrement, je prendrai les décisions adéquates. Sur ce, Madame, bonne journée et à ce soir ! » Francisco avait tenu son propos d’une traite. Il était épris, mais pas au point de laisser ce sentiment pulvériser son honneur. La mort dans l’âme, il tourna les talons, persuadé d’avoir anéanti son mariage et son espoir de bonheur.

Gabrielle en resta bouche bée. Cela, elle ne l’avait pas envisagé. Elle avait supposé pouvoir le mener par le bout du nez, elle le voyait tellement amoureux. Des hommes, qu’elle connaissait peu, elle en avait fait jusque-là ce qu’elle en voulait, elle pensait les manœuvrer à sa convenance, sans percevoir qu’elle était protégée par son statut de jeune fille de famille respectée. Sa première réaction se présenta sous la forme de la colère. Il était inadmissible qu’il lui parlât comme cela ni qu’il lui donnât des ordres. Elle allait faire ses bagages et partir. Mais à peine cette idée lui avait-elle traversé l’esprit qu’elle en comprit l’ineptie. Où irait-elle ? Elle s’effondra, le trop-plein de tension jaillit en gros sanglots. Honteuse de ce relâchement, elle rentra cacher son dépit dans sa chambre. Les mots, bien que durs de Francisco, avaient été un électrochoc ; personne ne lui avait jamais parlé comme cela. Mais ce fut comme une éclaircie entre deux nuages noirs. Tout bien réfléchi, il valait mieux tirer le meilleur parti de sa situation. Elle ne tenait pas à être répudiée. Et il y avait mis un tel sérieux qu’elle l’avait senti capable de mener à bien cette conclusion. Quel scandale cela serait, sa réputation serait salie à jamais, et seul le couvent lui ouvrirait ses portes. Et si cette idée lui avait traversé l’esprit dans le dessein de les punir tous, elle avait vite convenu que c’était elle qui aurait eu le plus à en souffrir. Il avait raison, se lamenter ne l’aiderait pas, s’apitoyer sur elle-même, guère plus, c’était se préparer une suite sans fin de jours sombres. Après tout, son époux demeurait avenant, agréable et travailleur, elle l’admettait, avec un nom et un peu de fortune, autant faire avec et l’appuyer afin de retrouver sa position dans la colonie.

Elle se rafraîchit, elle prit son courage à deux mains, et accompagnée par sa chambrière, elle partit vers la plantation où elle reçut un accueil chaleureux. Le soir venu, Francisco la trouva souriante l’attendant pour souper devant une table dressée. 

*

Caleb

Le petit hurlait, se débattait et s’accrochait à la jupe de la gouvernante, celle qui l’avait choyé, nourrie. Il n’avait pas trois ans, il ne comprenait pas ce qui se passait. Mama-Louisa tout en lui parlant doucement pour le calmer essayait malgré elle de le mettre dans les bras de l’autre femme. Dalila, indifférente, ne ressentait rien pour l’enfant braillard, elle obéissait, elle se devait d’emmener le garçonnet, la maîtresse l’avait décidée.

Sur les marches de la galerie, Sarah à peine plus âgée que lui, entre Hyacinthe et Nathanaël, pleurait à chaudes larmes. Hyacinthe, le plus grand, tentait d’expliquer à la petite fille que Mama-Louisa ne voulait pas abandonner Caleb, que l’autre femme était sa mère. « — Dalila est sa maman ? Ce n’était pas possible, c’était son frère à elle ! »  Elle regarda interrogative à sa gauche Nathanaël, son frère, qui avec le double de son âge représentait la figure paternelle. Celui-ci approuva, Dalila était bien la mère de Caleb, il n’était pas leur frère, ce qu’elle avait toujours cru. D’ailleurs, il était plus foncé qu’elle, mais elle, elle était blanche comme ses frères, quoique Aaron, leur aîné, s’avérait plus mat. De toute évidence, Caleb n’était pas aussi noir que Hyacinthe, ni même que Dalila. D’un autre côté, Mama-Louisa, sa mère, de cela elle n’avait pas de doute, sa maman était plus sombre de peau qu’elle. Elle était en outre de la couleur de Caleb. Pourquoi naît-on de couleurs différentes ? Tout cela était bien compliqué pour ses quatre ans, et son frère avait beau le lui expliquer avec sa propre logique, elle n’y comprenait rien. La seule chose qui comptait, c’était qu’elle se sentait triste, avec qui allait-elle dormir la nuit si Caleb partait avec monsieur Georges ?

Derrière eux était arrivée la bonne Néora, celle qui les soignait tous. Elle était venue les chercher afin de les soustraire de la situation, suivie de ses deux filles, dont l’aînée, Léa, était devenue la chambrière de la maîtresse au départ d’Esther. Sous son calme apparent, la tristesse crispait son estomac. Elle n’avait pas réussi à intéresser Dalila à son fils et la scène qui se déroulait devant elle remuait son âme maternelle.

Antoinette-Marie, alarmée elle aussi par les cris de l’enfant, avait accouru pour découvrir le pathétique spectacle. Elle n’avait pas songé que celui-ci, toujours ignoré de sa mère, ne voudrait pas partir avec elle. C’était, pour elle, contre nature et incompréhensible. Quand elle croisa le regard triste et interrogateur de la gouvernante, elle abdiqua d’un signe de la tête. Devant le mutisme de la mère et l’affolement du petit garçon, elle consentit à le garder. Comme Mama-Louisa le lâchait, il s’enfuit vers ses compagnons et Dalila indifférente tourna les talons. Elle alla rejoindre Suzanne la chambrière de Marie-Adélaïde déjà assise au côté du cocher de la première des charrettes prêtes à s’en aller.

Les chariots étaient emplis du patrimoine du couple Maubourg Tremblay. Ils partaient s’installer dans leur plantation. Le bungalow avait été vidé de tout ce que Georges Tremblay possédait, quelques meubles, dons du baron de Thouais et d’Antoinette-Marie, sa garde-robe et les souvenirs de son père. S’y annexait le peu qu’avait pu sauver Marie-Adélaïde de Saint-Domingue. Parmi les biens qu’ils emportaient s’ajoutaient dix esclaves de la plantation, dont Dalila, comme cuisinière. Et c’était pour ne pas séparer les familles qu’Antoinette-Marie avait décidé que Caleb partirait avec sa mère. Mama-Louisa n’avait pas osé la contredire, comment aurait-elle pu lui dire que Dalila n’aimait pas son enfant qui se trouvait être la malheureuse conséquence d’un viol.

Le calme retrouvé, le convoi s’ébranla au grand soulagement de Suzanne. Impatiente, elle jubilait. Elle avait supervisé le déménagement prenant son futur rôle de gouvernante en main. Elle quittait cette propriété qui n’était pas celle de Marie-Adélaïde où elle ne s’était sentie que de passage. Elle n’y avait pas souffert, mais elle avait mal supporté de n’être que la femme de chambre de Marie-Adélaïde. Personne ne lui avait donné d’ordre, elle ne répondait qu’à ceux de sa maîtresse, la plupart l’avaient ignorée prenant exemple sur Mama-Louisa. Elle allait pouvoir maintenant devenir, elle aussi l’esclave la plus importante d’une plantation. Peut-être cela lui ferait-il oublier Saint-Domingue ?

*

Les deux cavaliers s’arrêtèrent au bout de l’allée, ils contemplaient la demeure nichée sous les chênes désormais la leur. La plantation Bertin-Dunogier était devenue la plantation Maubourg-Tremblay. Sa précédente propriétaire l’avait définitivement quittée. Elle était partie avec Manita, sa fille Lila, sa femme de chambre, et Isaac, son cocher et majordome, pour la Nouvelle-Orléans chez des amis avant d’aller passer quelque temps dans sa famille à La Mobile.

Marie-Adélaïde Maubourg

Georges, de sa monture, se pencha vers sa compagne, elle lui sourit et lui tendit ses lèvres. Ils étaient pleinement heureux. Il descendit de son cheval et aida Marie-Adélaïde à faire de même. Sous le double escalier en courbe qui se rejoignait sur le palier faisant office de terrasse avancée à la galerie, qui enserrait l’étage supérieur, la porte à deux battants s’ouvrit sur la mine réjouie de Suzanne. La nouvelle gouvernante leur présenta Déborah et Sally, les deux jeunes servantes, derniers membres des gens de maison des anciens propriétaires. Georges dans l’impulsion du bonheur saisit son épouse et la porta pour franchir le seuil, Marie-Adélaïde riant à gorge déployée. Ils pénétrèrent dans le vestibule, sur lequel donnaient trois portes de chaque côté. Il se chargea de lui faire visiter les lieux dans lesquels elle n’avait jamais mis les pieds du temps des Bertin-Dunogier. Elle était bien sûr vide de tout mobilier, mais qu’importe, ce n’était qu’une question de temps. Ceux qui n’avaient pas pu être emportés avaient été remisés en attendant d’être récupérés par leur propriétaire légitime. Marie-Adélaïde comptait bien patienter, elle ne voulait pas vivre dans des meubles qui n’étaient pas les siens. Main dans la main, ils passaient d’une salle à l’autre. Le rez-de-chaussée abritait salons, salle à manger, bureau, les pièces de réception pour l’essentiel, quant au premier niveau, c’étaient les pièces intimes. Marie-Adélaïde retrouva le mobilier de sa chambre de la Palmeraie dans la pièce la plus grande entre ce qui serait son boudoir et sa garde-robe. Pour le reste, l’étage détenait une pièce qui deviendrait son cabinet et plusieurs chambres à coucher. La nouvelle maîtresse de maison était plus que satisfaite de sa demeure.

La vente effectuée, George était venu avec Simon Lamotte, un des surveillants de la Palmeraie. Ils avaient réalisé le tour de la propriété, évalué l’état des biens et le travail à faire. Il possédait un peu plus de soixante-dix esclaves auxquels se rajouterait ceux de son héritage du baron de Thouais, le reste était parti à l’encan au bénéfice d’une rente pour madame Bertin-Dunogier. Dans un premier temps, il avait estimé que le nombre subsistant suffirait à remettre en culture les champs. Il devrait bien sûr arracher la canne et préparer la terre pour le coton qui couvrirait la plus grande partie de la plantation. Cette période, qui s’étalerait sur une année, permettrait à l’ancien contremaître de la Palmeraie de garder un œil sur celle-ci, jusqu’à ce que les deux économes, devenus les nouveaux contremaîtres, qui l’y avaient laissé soient entièrement autonomes. 

 Quant aux esclaves, que tous considéraient comme du bétail humain, il comptait bien en prendre soin, d’autant que le marché en était limité par le gouverneur. Ils s’avéraient donc difficilement renouvelables et abordables en dehors de la contrebande. Mais, même avec moins d’esclaves et ses cultures dévastées, le domaine restait une bonne affaire. Outre d’une écurie convenablement fournie d’un étalon et de cinq juments dont une prête à mettre bas, d’un ensemble de bêtes de somme, bœufs, ânes, mules, et un cheptel de quelques vaches laitières et trois veaux, la plantation détenait deux esclaves à part, Moïse et Tati-Messi. Le premier, qui tenait son nom pour être né lors d’une inondation, était le meilleur ébéniste de la paroisse. Dans un premier temps, il s’occuperait de meubler la demeure, dans un second, Georges le louerait ou vendrait sa production. Quant à Tati-Messi, une guérisseuse aux dons variés procurés par la Loa Erzulie, elle était une Mambo identifiée des noirs comme des blancs. Chacun demandait son aide pour les accouchements, une fièvre tenace, un mal inconnu, une blessure… Initiée par Noémie de la Palmeraie aucune plante n’avait de secret pour elle, pas plus que les antidotes, les contrepoisons, les élixirs, les lotions ou les crèmes qu’elle en tirait.

Georges et Marie-Adélaïde étaient enfin chez eux, prêts à vivre pleinement.

*

Son étole, lâchement attachée, laissait à découvert une épaule. Elle déambulait dans les allées de sable du jardin d’agrément. À la main droite, elle tenait la lettre qu’elle avait déjà relue. Elle s’assit sous la gloriette qui remplaçait l’ancienne pergola qu’une tempête avait détruite. La nouvelle architecture faite de bois imitait un petit kiosque que recouvrait une glycine blanche, il protégeait une table et quatre chaises. Antoinette-Marie à l’ombre de celle-ci laissait courir son regard autour d’elle sans le fixer sur rien. Un oiseau moqueur en musicien accompli et sans rival, pas même le rossignol, siffla au sommet du plus grand magnolia. Cela la sortit quelque peu de ses pensées qui se bousculaient dans son esprit. Elle leva la tête vers le trublion dont l’insolence lui tira un sourire. La lettre apportée, une heure plutôt par l’estafette, qui se reposait dans le salon tout en collationnant, était écrite par Juan-Felipe.

« De Juan-Felipe de Puerto Valdez

À Antoinette-Marie marquesa de Puerto Valdez 

Mon Antoinette,

Mon service auprès du gouverneur m’amène à m’éloigner de vous et de la Louisiane. Lorsque vous me lirez, sachez que le cœur serré du manque de vous, je voguerai vers Veracruz. Mon devoir ne m’a pas permis de venir vous dire au revoir et j’en suis fort contrit. 

Ma chère épouse, j’espère en votre patience et ferais tout mon possible pour écourter notre séparation.

… »

 Il partait en mission pour le gouverneur et il ne pourrait certainement pas rentrer d’ici un mois. Depuis le printemps, elle l’avait peu vu, il lui manquait et elle avait du mal à se faire une raison. Malgré son entourage, elle se sentait bien seule. Marie-Adélaïde et Georges étaient allés s’établir dans leur nouvelle plantation. Francisco Álvarez-Pignero avait épousé mademoiselle Bertin-Dunogier et était allé s’installer dans leur nouveau bungalow. Pierre-Henri avait aménagé dans celui derrière la plantation, Esther réintégrant son service auprès d’elle tout en partageant la place avec Léa, la fille de Néora, qui l’avait remplacée pendant son absence. 

Les affaires de la propriété étaient en ordre, Pierre-Henri et Francisco étaient devenus contremaîtres avec toute la confiance de Georges Tremblay et de leur maîtresse, les heures de la Palmeraie se poursuivaient au rythme des cultures. Antoinette-Marie décida de répondre à l’invitation de Madame de Maubeuge et d’aller s’installer chez elle à la Nouvelle-Orléans, elle y attendrait son hidalgo de mari.

Antoinette-Marie Cambes-Sadirac

Personnages

Cette histoire met en scène des personnages réels et des personnages fictifs ainsi que des événements et des dialogues inventés à des fins dramatiques et afin de compléter les vides des biographies. Les illustrations des personnages ne sauraient être confondues avec les personnes réelles.

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2 réflexions sur “La Palmeraie / De tempête en tempête chapitre 35

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