Améridiens

LES TRIBUS INDIENNES DE LA LOUISIANE.

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Delisle: Carte de la Louisiane et du Cours du Mississippi

Les tribus indiennes, qui habitaient la Louisiane, au temps de la colonisation, étaient un peu plus de dix-huit.

les Acolapissa, les Attakapas, les Avoyelles, les Bayogoulas, les Caddos ou Caddodaquis, les Chapitoulas, les Chitimachas, les Chouachas, les Dulrinos, Les Houmas, les Mongoulachas, les Natchitoches, les Ouachas, les Ouachitas, les Ouchouis, les Quinipissa, les Taensas , les Tangipahoa, les Tunicas, les Yatassis

Les Houmas occupaient le territoire de Bâton-Rouge et des deux Féliciana. Entre l’Amite et le Tangipahoa, vivait la tribu de ce nom. Plus à l’Est, étaient les Acolapissa, qui armaient 300 hommes. Les Bayogoulas s’étendaient depuis l’Iberville jusqu’aux limites de la Nouvelle-Orléans, dont l’emplacement était occupé par les Chapitoulas. Sur la rive opposée se trouvaient les Mongoulachas. A la Terre-aux-Boeufs, au Détour-des-Anglais habitaient les Chouachas, qui réclamaient toute la rive gauche du fleuve. La rive droite était la propriété des Ouachas, qui ont laissé leur nom à un lac situé au Nord de la baie de Barataria. Les Chitimachas construisaient leurs huttes sur les rives de La Fourche, qui porta d’abord leur nom. Dans le territoire des Attakapas, existait la tribu de ce nom, qui signifie mangeurs d’hommes; elle était réputée anthropophage. À la Pointe-Coupée, étaient les Tunicas; à l’embouchure de la Rivière-Rouge, les Avoyelles; à Natchitoches, la tribu de ce nom; à l’Ouest du lac Bistineau, les Caddos, ou Caddodaquis. Les Dulrinos, les Ouchouis, les Yatassis campaient entre l’Ouachita et la Rivière-Rouge; les Ouachitas et les Taensas  erraient sur les rives de ces deux courants d’eau.

Quand Lasalle explorait le Mississippi, il trouva sur ses rives une tribu de Quinipissa dont aucun auteur ne fait mention. Ces Indiens auraient-ils été exterminés, ce qui est assez probable, ou les a-t-on confondus avec les Colapissas dont le nom est si semblable au leur?

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Phillip Romer: choctaw 1850

Ces peuplades nombreuses, autrefois, sans doute, étaient au temps des premiers établissements, peu considérables. Quelques-unes comptaient à peine cinquante guerriers. Les plus fortes en armaient à peine cinq cents. On ne trouva chez elles, ni chevaux, ni brebis, ni volailles, ni rats, ni abeilles. Les Attakapas seuls avaient quelques poules, recueillies dans un bâtiment naufragé. Elles cultivaient un peu de maïs, de folle avoine, de patates et de fèves; au lieu de tabac elles fumaient la Pàpoua (feuille d’un arbrisseau épineux, commun dans la Louisiane), une insouciance complète présidait à leur manière de vivre. Leurs villages, tous ouverts, étaient formés de mauvaises huttes en latanier, qu’enflammait aisément la flèche incendiaire. L’ennemi, surprenant une bourgade entière endormie, la faisait passer, sans obstacle, du sommeil à la mort. Un village indien, sur le Mississippi, s’offrit à Lasalle, avec ses cabanes incendiées, et tous ses habitants égorgés. La guerre continuelle qu’elles se faisaient, les décimait tous les jours.

Quoique issues presque toutes de la nation des Natchez, dont l’absolutisme du chef est si connu, ces tribus vivaient dans une espèce de république. Elles n’avaient pas quitté un joug pour en prendre un autre; la seule, qui se rapprochât le plus de la nation-mère, était celle des Tensas. Elles se soutenaient entre elles, quand il s’agissait de combattre l’étranger. A peine le danger était- il passé, que les guerres civiles recommençaient, comme chez les peuples de la Grèce. Hernàndez de Soto avait été pour elles un Xerxès, qu’elles avaient combattu de toutes leurs forces et de tout leur courage: les Français devaient être pour elles des Romains. Si elles firent un bon accueil à Iberville, c’est qu’elles croyaient n’avoir rien à appréhender de sa part. Mais quand les colons eurent excité leur ressentiment jaloux, elles se soulevèrent contre eux et les égorgèrent. Un manque de concertation borna le massacre à la colonie de fort Rosalie, chez les Natchez. Nous ne dirons rien de ces indiens, dont tout le monde sait l’histoire. Leur force et leur courage ne purent les garantir de la destruction; le contact seul des Européens, dont le souffle était un poison pour les grandes tribus, suffit pour leur ôter la moitié de leurs forces. Les petites peuplades de la Louisiane périrent presque toutes l’une par l’autre; ce qui restait se confondit avec les grandes, dont plusieurs furent emportées dans le tourbillon de la guerre des étrangers entre eux.

Les Mongoulachas avaient détruit un village des Bayogoulas; ceux-ci exterminèrent leurs ennemis jusqu’au dernier. Quelque temps après, les Tensas, chassés de leurs terres par les Yasous, ou Jasons, se réfugièrent parmi les Bayogoulas, qui les reçurent comme des frères; dans la nuit, ils massacrèrent leurs hôtes, en récompense de l’hospitalité qu’ils en avaient reçue.

Les Tunicas dévalisèrent un jour deux traiteurs anglais; les Alibamons et les Chikasaws ou Chicachas, chargés de venger ces Européens, chassèrent les Tunicas de leurs foyers. Ces derniers allèrent demander un asile aux Houmas, dont ils furent reçus à bras ouverts; et pendant le sommeil, ils égorgèrent, ou firent prisonniers tous ceux qui leur tombèrent sous la main; les Houmas échappés à la captivité ou au carnage se réfugièrent sur les rives du bayou Saint-Jean.

En vain les Français se rendirent-ils les arbitres de leurs querelles; en vain les missionnaires leur enseignaient-ils les arts agricoles et utiles; dès que l’occasion se présentait, les tribus quittaient leurs paisibles travaux pour voler aux combats; la guerre seule avait des charmes pour elles.

Les Chicachas tombant un jour à l’improviste, et au sein de la paix, sur les Chactas ou Choctaw, leur enlevèrent un grand nombre de prisonniers, qu’ils allèrent vendre en Caroline. Une trentaine d’individus de la nation assaillante, hommes, femmes ou enfants, campaient autour du fort de Mobile. Ils avaient à traverser le pays des Chactas, pour regagner leurs foyers. Craignant la vengeance de ceux-ci, ils demandèrent au gouverneur Bienville, une escorte, qu’il se fit un devoir de leur donner pour les protéger. Louis Antoine Juchereau de Saint-Denis et vingt Canadiens furent chargés de ce service. À la vue du premier village des Chactas, l’officier, se détachant seul de .la troupe, demanda à ces Indiens le passage sur leurs terres, pour lui et tous ses gens. Ils l’accordèrent à condition qu’il leur serait loisible de reprocher aux Chicachas la perfidie de leur nation. Ceux-ci rassemblés en rase campagne et armés furent bientôt entourés des chefs Chactas, accompagnés de trois cents guerriers. Un vieux sachem, tenant un calumet à la main, après avoir donné tout l’essor à son indignation, finit par conclure que les Français ne protégeaient leurs ennemis, que parce qu’ils ne connaissaient pas les crimes dont ils s’étaient rendus coupables; que les Chicachas présents méritaient la mort, en représailles de la trahison de leur tribu. À ces mots, baissant son calumet, les Chactas firent feu, et la plupart des guerriers Chickasha tombèrent morts.

Quelques-uns se défendirent en vain; les femmes et les enfants seuls furent épargnés. Juchereau de Saint-Denis reçut une blessure en voulant rétablir le calme. Les Chactas en grand nombre le reconduisirent jusqu’à Mobile, en témoignage de leurs regrets sur un tel événement.

Ce fait prouve l’esprit vindicatif des Indiens, et les efforts constants, mais souvent inutiles des Français, pour rétablir l’harmonie parmi eux.

À la fin, les Français en vinrent à bout; ils cimentèrent, entre les tribus indiennes de la vallée du Mississippi, une paix qui dura douze ans. Les Anglais la troublèrent; et quand ils eurent conquis le Canada, il ne fut plus possible de la rétablir. Ces deux nations européennes n’étaient pas guidées par les mêmes principes. Les colons anglais voulaient la terre; les Français s’attachaient principalement aux pelleteries. Telles furent les causes de la prospérité des premiers, et de la ruine des seconds. À ceux-ci, il fallait une paix durable; à ceux-là une guerre qui amenât la destruction des Indiens. C’est pourquoi les uns s’allièrent si souvent avec les Indiennes, sorte d’union qui répugna toujours aux autres. On cite un seul mariage de ce genre parmi les colons anglais : celui de Rolf avec Pocahontas.

d’après Histoire de la Louisiane par Victor Debouchel

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