Bordeaux des origines au XIème siècle

Bordeaux sous la domination romaine.  

On ne sait rien sur la fondation de la ville de Bordeaux. Son origine se perd dans la nuit des temps. L’écrivain et géographe grec, Strabon, au Ier siècle av. J.-C., fut le premier à faire mention de la cité de Burdigala au Ier siècle av. J.-C., nom que l’on retrouva ensuite dans les écrits de Ptolémée de Péluse, autre célèbre astronome grec au IIe siècle après J.-C.

Burdigala au début du IIIe siècle, Jean-Claude Golvin
Burdigala au début du IIIe siècle, Jean-Claude Golvin

« Le mot Bordeaux vient d’une contraction de deux mots aquitains. Burd qui signifie « Abri » et Gala qui signifie « Marais », Burdigala signifie donc l’abri dans le marais, qui correspond bien à sa situation géographique. Ce nom est devenu ensuite Bordigala, puis Bordale, Bordèu et enfin Bordeaux, graphié ainsi d’après l’ancien pluriel de bordel, au sens ancien de « maison isolée ».

La ville est située à l’embouchure de la Devèze, un affluent de la Garonne, proche de la Gironde, qui séparait les populations ibères des pays celtiques. Le choix du site semble venir de ses possibilités portuaires, car en dehors de cela il est situé sur une avancée du plateau landais cerné par des marais pestilentiels.

La ville fut primitivement fondée par la tribu des Bituriges-Vivisques, peuple du Berri, un peuple celtique, qui comme les Boïens et les Médulles, avait émigré et était venu s’installer sur la rive gauche de la Garonne après leur défaite et leur dispersion par Jules César. Ces anciens Bituriges étaient adonnés au commerce. Ils établirent sur cette place un lieu où ils tenaient leurs marchés. Ce ne fut que dans la suite des temps qu’il s’y forma une ville.

En 56 av. J.-C., Publius Crassus, lieutenant de César, fut victorieux sur les Aquitains et Bordeaux se soumit aux Romains. La conquête s’effectua sans violence et permet de supposer que les Bituriges, qui contrôlaient le trafic de l’étain amené d’Armorique et de Bretagne (Grande-Bretagne), peuple de navigateurs et de commerçants avant tout, se soumirent volontairement à César. Strabon nous apprend qu’ils jouirent de privilèges particuliers, et ne payèrent pas le tribut avec les Aquitains. Sous le nom de Burdigala, la ville devint l’égale des cités les plus florissantes des Gaules.

Elle fut choisie comme résidence par les gouverneurs d’Aquitaine. Parmi ceux qui habitèrent Bordeaux, il y eut Agricola, beau-père de Tacite (74 à76) ; Galba, qui devint empereur ; Tétricus, qui fut élu empereur par les soldats et qui, suivant Eutrope, revêtit la pourpre impériale à Bordeaux, en 271 ; le jurisconsulte Salvius Julianus, etc.

Elle se développa sous le mode du premier urbanisme romain. La cité ne contenait alors dans sa longueur, du levant au couchant, que 370 toises carrées et 240 dans sa largeur ; le cardo et le decumanus (aujourd’hui, rue Sainte-Catherine et rues Porte Dijeaux et Saint-Remy, et cours de l’Intendance) furent tracés, ses rues étaient larges, bien alignées, et se coupaient à angles droits. Elle avait quatorze portes, au-devant de chacune desquelles se trouvait, intérieurement, une place publique. Ces portes étaient disposées en face les unes des autres, d’une manière symétrique, savoir 4 au midi, 4 au nord, 3 au levant et 3 au couchant. Libre de toute enceinte, Burdigala s’étendit rapidement vers les plateaux de Saint-Michel, de Sainte-Eulalie, de Saint-Seurin. Ses 125 hectares virent pousser Au nord, un temple dédié aux génies tutélaires, les bains publics, la fontaine Divone et le cirque, au couchant, le Prétoire, le temple de Vernemetis, celui de Diane, etc. La ville s’enorgueillit d’un forum, un amphithéâtre, un temple, des thermes, des maisons parmi les plus luxueuses de Gaule. Pour faire face au trafic grandissant, un port intérieur fut construit « le bassin Navigère ». Sa population atteignit 20 000 habitants.

Palais galien,  dessin de Bordes
Palais galien, dessin de Bordes

Tout d’abord classée parmi les « civitates liberae », la ville fut érigée de bonne heure en civitas, fut inscrite dans la tribu Quirina et fut administrée par un collège de magistrats.

Burdigala resta fidèle aux Romains et ne prit part ni à l’insurrection de Vercingétorix ni au soulèvement de l’Aquitaine, après le meurtre de Jules César (44 av. J.-C.). Lorsqu’en l’an 28 avant notre ère, Auguste réorganisa les provinces de la Gaule, Bordeaux fut classée seconde parmi les quatorze cités de l’Aquitaine, qui s’étendait de la Loire à la Garonne.

Elle fut choisie comme résidence par les gouverneurs d’Aquitaine. Parmi ceux qui habitèrent Bordeaux, il y eut Agricola, beau-père de Tacite (74 à76) ; Galba, qui devint empereur ; Tétricus, qui fut élu empereur par les soldats et qui, suivant Eutrope, revêtit la pourpre impériale à Bordeaux, en 271 ; le jurisconsulte Salvius Julianus, etc. Vers le milieu du IIIe siècle, peut-être pendant un séjour de l’empereur Gallien à Bordeaux, la ville fut agrandie ou plutôt rebâtie entièrement sur le plan des cités latines. Les Romains l’embellirent alors de nombreux monuments et les arènes que Gallien fit construire en dehors de la ville, sont un des vestiges les mieux conservés de la domination romaine à Bordeaux.

Cette ville qui, avant la conquête romaine, étaient déjà un centre de commerce important, nommée « Emporium Burdigala » par Strabon, voit dans son port des navires grecs, bretons, ibères ou celtes se côtoyaient. On y échangeait toujours l’étain, mais aussi des outils, de la céramique grecque ou du cuivre d’Espagne, du blé et des produits méditerranéens. Entre 40 et 60, le vin commença rapidement à être produit sur place après l’adaptation d’un cépage importé d’Albanie, la « Biturica » et implanté sur les coteaux nord de la rive gauche. Dès cette époque, les vins et les huîtres de Bordeaux jouirent d’une grande réputation et le commerce de la ville, qui, d’après Ausone, consistait surtout dans la vente des suifs, des cires, de la poix, de la résine et du papyrus, prit une grande extension.

Burdigala joue désormais un rôle important dans la vie économique du monde romain. De « civitas stipendaria » (cité soumise à l’impôt), elle devient, au 2e siècle, un « municipe », cité dont les habitants jouissent de certains droits de la citoyenneté romaine. À la fin du 2e siècle, elle supplante Mediolanum Santonum (Saintes) en tant que capitale de l’Aquitaine seconde, l’une des trois régions administratives de l’Aquitaine romaine. Ce fut sans doute à cette époque que le christianisme pénétra dans la ville.

Léo DROUYN:  Les piliers de Tutelle
Léo DROUYN: Les piliers de Tutelle

La ville fut particulièrement prospère sous la dynastie des Sévères (193-235), elle englobait alors le mont Judaïque, actuel quartier Saint-Seurin. De cet âge d’or datent des monuments illustres dont le forum, Piliers de Tutelle, et le Palais Gallien, un amphithéâtre pouvant contenir 15 000 personnes sur ses gradins en bois.

Au milieu du 3e siècle, les invasions germaniques en Gaule furent suivies de soulèvements. Entraînée dans la révolte de Tetricus, gouverneur de Burdigala, la ville lutta contre l’empereur Aurélien, elle devint partie prenante d’un empire gaulois sécessionniste en 260. En 274, après la mort de l’usurpateur, elle réintégra l’Empire romain.

Elle n’eut pas à souffrir de l’invasion des Bagaudes, bandes armées de brigands, de soldats déserteurs, d’esclaves et de paysans sans terre, mais dut cependant leur payer rançon. Les Romains jugèrent alors prudent de fortifier la ville, qui sous Dioclétien, vers l’an 300, fut entourée de nouvelles murailles. Burdigala et son port se retranchèrent derrière de solides remparts de neuf mètres de hauteur. Construits entre 278 et 290, en partie avec les pierres provenant d’anciens monuments, ils réduisirent l’espace de la ville à une trentaine d’hectares. Burdigala ne comptait alors plus que 15 000 habitants environ.

Bordeaux devint à cette époque le centre littéraire de la Gaule, l’université de Burdigala, fut fondée en 286, ses écoles comptèrent parmi les plus florissantes de l’empire et produisirent une foule d’hommes remarquables, parmi lesquels on peut citer les grammairiens Leontius et Glabrio, les rhétoriciens Exupère et Minervius, Sedatus, Alcimus, le poète Clementinus Théon, l’orateur Delphidius, Paulin de Nole devenu saint Paulin et surtout le poète Ausone, qui a célébré sa ville natale et en a laissé des descriptions qui permettent de se faire une idée de Bordeaux au IVe siècle.

L’introduction du christianisme.

Evariste-Vital Luminais: Goths traversant une rivière
Evariste-Vital Luminais: Goths traversant une rivière

Après plusieurs siècles de paix, en 276, les premières invasions de Barbares déferlèrent brutalement sur Burdigala qui fut envahie par une horde de Germains.

Rien ne put arrêter l’ennemi, les remparts manquaient ainsi que les soldats et personne n’avait l’habitude des armes. Tout fut détruit sur leur passage, le Palais Gallien, les Piliers de Tutelle, les grands temples, les sépultures furent profanées. Les Barbares n’avaient pas l’intention de s’établir dans la ville, elle fut détruite, mais resta romaine. Une fois ceux-ci partis, la cité fut reconstruite, on en fit une ville forte.

extrait de l’ouvrage de Dom Devienne, Histoire de la ville de Bordeaux, Bordeaux, De La Court, 1771
extrait de l’ouvrage de Dom Devienne,
Histoire de la ville de Bordeaux, Bordeaux,
De La Court, 1771

La ville devint plus petite, la population se tassa pour mieux se défendre, les coteaux furent abandonnés, seule y resta la nécropole. On entoura la nouvelle ville de remparts de conception très géométrique puisque l’enceinte représentait presque un rectangle parfait. Le mur avait 9 ou 10 mètres de haut avec des tours gigantesques presque tous les 50 mètres, elles ressemblaient à des châteaux forts. Toutes les rues furent disposées pour correspondre aux portes : droites, parallèles, se coupant à angle droit, elles formaient un damier entre les murs.
Le port intérieur fut conservé, c’était l’abri de la flotte, la ressource du commerce et de la marine. Il communiquait au fleuve par un chenal qui passait sous le rempart qu’on appelait « Porta Navigera ».

Le christianisme paraît n’avoir pénétré qu’assez tard en Aquitaine, au troisième siècle. On attribue généralement à saint Martial les premières prédications chrétiennes à Bordeaux, mais le triomphe définitif du christianisme fut surtout dû à saint Hilaire et à saint Martin.

Ce ne fut qu’au commencement du IVe siècle (315) que l’on trouve les traces d’une communauté chrétienne à Bordeaux. On cite à l’époque, des persécutions de Dioclétien, le martyre de saint-Fort, dont les reliques furent découvertes dans l’église Saint-Seurin et qui fut plus tard l’objet d’un culte populaire.

itinerarium burdigalense
itinerarium burdigalense

En 333, « l’Itinerarium Burdigalense », le plus ancien témoignage connu d’un chrétien d’Occident en Terre sainte, fut rédigé par un pèlerin parti de Burdigala pour Jérusalem. Le christianisme se répandit, la conversion de grands personnages comme Ausone, Paulin de Nole et Sulpice Sévère en témoigne. L’église cathédrale dédiée à Saint-Étienne fut édifiée au cours de ce siècle.

Bordeaux, alors métropole de l’Aquitaine Seconde (370-508), connaît les premières hérésies. En 386, un concile, présidé par l’évêque Saint Delphin et auquel assistait saint Martin, condamna à Bordeaux l’hérésie de Priscillius, déjà condamnée par le concile de Saragosse, et des poursuites rigoureuses furent exercées contre ses adeptes. Son successeur fut Saint-Amand qui devint ainsi le troisième évêque connu de Bordeaux.

Au début du 5e siècle, l’Empire romain d’Occident est menacé par la vague des Huns, conduits par Attila depuis l’Asie centrale. Poussés par ces envahisseurs, les peuples germaniques abandonnèrent leurs terres et se déplacèrent à leur tour vers l’Ouest. En 406, les Vandales traversèrent le Rhin et envahirent la Gaule. Ils arrivèrent à Burdigala qui fut incendiée, à l’automne 408, dévastèrent le pays, avant de continuer leur chemin vers l’Espagne.

Les Wisigoths démolissent la cathédrale Saint-André. Gravure extraite de La Vie de Saint Delphin par le Père de Moniquet, 1893.
Les Wisigoths démolissent la cathédrale Saint-André.
Gravure extraite de La Vie de Saint Delphin
par le Père de Moniquet, 1893.

Après avoir pillé Rome en 410, les Wisigoths entrèrent à leur tour en Aquitaine. Burdigala tomba sous la domination des Wisigoths en l’an 412. Au cours de l’automne de 413, occupée par les Wisigoths d’Ataulf, qui venaient de s’emparer de Toulouse, acculés à la famine par le général romain Constance, ils incendient Bordeaux avant de partir vers l’Espagne. Ils négocièrent la paix avec l’empereur romain Honorius, qui leur offrit, en 418, le Sud-Ouest de la Gaule, en échange de leur aide contre les Huns. en 419, la ville fut cédée par le patrice Constance, lieutenant de l’empereur Honorius, aux Wisigoths de Wallia, qui fit de Bordeaux sa résidence préférée, bien que Toulouse fût la capitale du royaume wisigoth fondé dans le midi de la Gaule. Les vainqueurs s’emparèrent des deux tiers des terres et du tiers des esclaves de la cité, mais la ville conserva son administration, et ses écoles continuèrent à jeter un certain éclat. Elle devint dès lors une cité importante du royaume wisigoth, dont les rois étaient de religion arienne, le christianisme s’éteignit.

En 475, Euric, roi des Wisigoths, arracha l’indépendance de son royaume à l’Empire romain moribond. Le territoire Wisigoth, s’étendit alors de la Loire au sud de l’Espagne, avec Tolosa (Toulouse) comme capitale, bien que le roi Euric séjourna souvent à Burdigala avec sa cour. Sidoine Apollinaire, qui traça un tableau de la cour des rois wisigoths, cita les noms de Leo, Severianus et Lampridius, orateurs et poètes bordelais, démontrant ainsi l’aura de Burdigala.

Le culte chrétien ne fut rallumé qu’après l’entière expulsion des Wisigoths, en l’an 507 de l’ère chrétienne. Pour les chasser, les évêques aquitains en appelèrent au chef des Francs, Clovis, qui s’était converti au catholicisme. En 507, il fit une entrée triomphale à Burdigala, après avoir lui-même tué Alaric II, Roi des Wisigoths, à la bataille qu’il lui livra et gagna à Vouillé, près de Poitiers. Il fut donc le premier Roi de France et ajouta à ce titre, celui de Roi d’Aquitaine, Clovis passa l’hiver dans la ville avec son armée avant de chasser définitivement les Wisigoths au-delà des Pyrénées. Il mourut en 511, laissant l’ébauche d’un royaume que ses descendants, les Mérovingiens se disputèrent plusieurs générations durant.

A partir la fin du VIe siècle Bordeaux devient le centre urbain le plus important avec Toulouse aux abords du Duché de Vasconie .

L'education des fils de Clovis par Alma Tadema
L’education des fils de Clovis par Alma Tadema

Après la mort de Clovis, cette cité fit partie du royaume de Childebert Ier, puis ; en 561, du royaume de Caribert. Elle figura parmi les cités données, en 567, par Chilpéric à sa nouvelle épouse Galsuinthe et passées peu de temps après à sa sœur Brunehaut, épouse de Sigebert. Dans la guerre civile qui s’éleva, en 574, entre Sigebert et Chilpéric, le fils de celui-ci, Clovis, vint s’établir à Bordeaux, d’où il ne tarda pas à être chassé par Sigulf, partisan du roi d’Austrasie. La métropole de la seconde Aquitaine dut cependant se soumettre à Chilpéric à la suite du meurtre de Sigebert (575).

En 584, après l’assassinat de Chilpéric, Bordeaux fut occupée par le roi Gontran, à qui le pacte d’Andelot en assura la paisible possession ; il fut seulement convenu qu’à la mort de Gontran, cette ville ferait retour à Brunehaut et à ses héritiers. Grégoire de Tours parle de trois basiliques qui existaient de son temps à Bordeaux ; l’une était dédiée à saint Martin, une autre à saint Pierre, la troisième à saint Séverin, l’un des premiers évêques de Bordeaux.

Vers la fin du 6e siècle, les Vascons, originaires de l’actuelle Navarre espagnole, franchissent les Pyrénées et lancent des raids en territoire mérovingien. Ils sont tenus en respect par Charibert, tout nouveau roi d’Aquitaine. Son assassinat à Blaye en 631 marque un bref retour de son domaine dans le royaume franc en tant que duché héréditaire, car, en 673, l’Aquitaine redevient indépendante.

À partir du règne de Dagobert, Bordeaux suivit les destinées de l’Aquitaine ; le VIIe et le VIIIe siècle sont une période de décadence pour la cité gallo-romaine, si florissante au IVe siècle. Elle resta dans la dépendance des ducs d’Aquitaine, mais ne paraît cependant pas avoir souffert de l’invasion des Vascons, qui n’atteignirent pas Bordeaux.

Edmond Fontan (Eglise Sainte-Eulalie, 1900
Edmond Fontan (Eglise Sainte-Eulalie, 1900

Dans ce chaos, l’Église passa sans heurt des prélats gallo-romains aux évêques francs. À la fin du 7e siècle, Burdigala comptait au moins neuf édifices de culte. À l’intérieur de son enceinte : la cathédrale, la basilique Sainte-Marie, la basilique Saint-Pierre et l’église Saint-Rémi. À l’extérieur : l’ancienne église-cathédrale Saint-Étienne, la basilique Saint-Martin de la Montagne Judaïque, la première basilique Saint-Seurin, les monastères de Sainte-Croix et de Sainte-Eulalie. Pour autant, il n’y eut pas mention d’évêques à Bordeaux pendant tout le VIIIe siècle et une partie du IXe siècle .

En 720, les Arabes franchirent les Pyrénées. Le duc d’Aquitaine Eudes les vainquit à Toulouse, mais ne put contenir la progression de l’armée d’Abd-al-Rahman, qui pilla Bordeaux en 732, avant d’être arrêtée près de Poitiers par Charles Martel.

La ville participa ensuite aux tentatives de séparation des ducs d’Aquitaine. Bordeaux suivit le parti de Hunald et de Waïfre, mais fut soumise par Pépin le Bref en 768, et par Charlemagne en 778. L’empereur, pour se concilier les habitants, fit de Bordeaux la capitale du royaume d’Aquitaine.

En 781, Charlemagne avait fait de l’Aquitaine un royaume qui allait du Rhône à l’Atlantique. Il nomma un représentant à Bordeaux : le comte Seguin 1er.

En 826, Azo, gouverneur de l’Aquitaine, s’étant révolté contre l’empereur Louis Ier dit « le Pieux » et ayant appelé à son secours les Sarrasins d’Espagne, fut battu par Adelbrant et Donat, lieutenants de l’empereur, qui firent rentrer Bordeaux dans l’obéissance.

Représentation d'une barque viking (gravure d'Alphonse de Neuville 1879)
Représentation d’une barque viking
(gravure d’Alphonse de Neuville 1879)

En 844, Bordeaux vit arriver les drakkars des Vikings sur la Gironde. Ils furent repoussés une première fois, puis une seconde en 845, mais en 848 la ville fut prise par le chef viking Hasting, incendiée, et sa population est massacrée. Le roi d’Aquitaine Pépin II ne fait rien pour aider la ville, et c’est Charles le Chauve qui détruit une flottille de neuf drakkars sur la Dordogne , mais ne peut faire lever le siège.

En 857, après avoir ravagé les côtes de l’Aquitaine et tué le comte Seguin, lieutenant de Charles le Chauve, prirent Bordeaux, qu’ils pillèrent, brûlèrent et détruisirent entièrement. La cité souffrit cruellement des invasions des Vikings.

En 877, Frontaire, archevêque de Bordeaux, ait obligé d’abandonner son siège à cause des incursions des Barbares.

À la fin du 9e siècle, l’Aquitaine fut prise en main par les familles comtales et ducales, et s’éloigna du royaume. Bordeaux devint capitale d’un comté rattaché d’abord au duché de Vasconie (de 852 à 1032 ), puis du duché d’Aquitaine sous les autorités successives des comtes de Poitiers , (de 1032 à 1137 ), et des Capétiens , (de 1137 à1152 ).

Bordeaux au Xème siècle
Bordeaux au Xème siècle

Après le traité conclu par Charles le Simple, en 911, les Vikings évacuèrent la Gascogne, qui devint un duché distinct de celui d’Aquitaine sous Sanche Mitarra et ses successeurs.

En 973, Guillaume Fièrebrace, comte de Poitiers, se fait reconnaître le titre de duc d’Aquitaine par le roi de France, Hugues Capet.

Les ducs de Gascogne fixèrent leur résidence à Bordeaux, au Palais de l’Ombrière, bâti vers 982, ainsi appelé à cause de l’ombrage des grands arbres, qui, dans les temps reculés, en formaient l’avenue.

En 1032, le duc de Gascogne Sanche-Guillaume étant mort sans héritier mâle, son héritage passa à la dynastie des comtes de Poitiers. Bordeaux devint alors la principale ville, sinon la capitale, d’une grande Aquitaine allant de la Loire aux Pyrénées.

En 1039, Guillaume VII de Poitiers réunit par héritage le duché de Gascogne à celui d’Aquitaine et Poitiers resta la capitale du duché. Les ducs de Gascogne et d’Aquitaine rebâtirent la plupart des monuments et des monastères détruits par les Vikings, les églises Saint-Seurin en 1032, Saint-André en 1096, Saint-Michel en1093, et rendirent à Bordeaux une partie de son ancienne prospérité ; mais ce n’est qu’à partir du XIIe siècle que la ville retrouva avec la domination anglaise son importance et son antique splendeur.

la porte Cailhau
la porte Cailhau

Au cours du 11ème siècle, l’Église profita d’une paix relative pour organiser le diocèse de Bordeaux. Deux tiers des églises de la ville furent bâties à cette période. La cathédrale Saint-André fut consacrée en 1096. L’abbaye de la Sauve-Majeure fut édifiée à la fin de ce siècle sur le plateau de l’Entre-deux-Mers et connaît un exceptionnel rayonnement. Elle fut à la tête d’importants prieurés dans le diocèse de Bordeaux, de possessions sur la rive droite de la ville et de maisons, entre autres, dans le quartier de la Rousselle.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.