1741 à 1754 Les affaires intérieures.

Donatien Nonotte: Pierre de Rigaud de Vaudreuil de Cavagnial

Donatien Nonotte: Pierre de Rigaud de Vaudreuil de Cavagnial

1741. Pierre de Rigaud de Vaudreuil de Cavagnia succéda en tant que gouverneur à Bienville, qui lui quitta la Louisiane pour la dernière fois, avec les regrets de la colonie entière. Le commerce florissait, délié des privilèges de la compagnie d’Occident, qui l’avait paralysé. En 1731, le roi l’avait affranchi de tout droit. En reprenant l’administration de la Louisiane, il n’en avait pas changé le gouvernement.

Les affaires litigieuses se compliquèrent au point qu’il fallut augmenter le nombre des membres du conseil supérieur. Quatre assesseurs, nommés pour quatre ans, durent y siéger; mais ils n’avaient voix délibérante qu’en cas d’égalité de votes.

1742. Six ans auparavant, la rareté des espèces avait provoqué une émission de papier-monnaie de deux cent mille livres (un peu plus de quarante mille piastres); les colons l’avaient demandée. II y avait des billets de 20, 15, 10 et 5 livres; de 50 sous, 25,12 et demi et 6 un quart. En peu de temps cette émission, ayant fait disparaître l’or et l’argent, tomba dans le discrédit. Au lieu de remédier au mal, on l’empira. Des ordonnances furent émises, autre espèce de papier-monnaie dont le commerce s’empara; suivies bientôt de billets de la Trésorerie, reçus dans toutes les réclamations fiscales.

1743. Les sécurités publiques ainsi prodiguées donnèrent naissance à un agiotage dont les intérêts agricoles et commerciaux eurent grandement à souffrir.

La guerre de la succession de l’empire, qui incendiait l’Europe, jeta bientôt ses brandons sur le sol américain. Tous les colons anglais avaient les yeux fixés sur le Canada, qui avait attaqué les possessions britanniques. La Géorgie, les deux Carolines, occupées de cette guerre, ne cherchaient plus à soulever les Indiens contre la Louisiane, qui seule des colonies françaises jouissait d’une profonde tranquillité. D’autres ennemis se déchaînaient contre elle.

1746. Un ouragan affreux ravagea les habitations, détruisit entièrement la récolte de riz. C’était depuis longtemps le pain de la colonie. Les farines qui lui étaient destinées ayant été enlevées par les Anglais, il ne lui restait de ressources que dans le pays des Illinois, alors très florissant. Il produisait tout en abondance, grains, viande, venaison, suif, cire, huile d’ours, coton, laines, peaux, cuir et plomb. Il en arriva, cette année plus de quatre mille sacs de farine.

Lithographie d'Antoine Roussin

Lithographie d’Antoine Roussin

1748. Deux ans plus tard, un froid excessif détruisit pour la première fois tous les orangers.

Les emplois civils manquaient d’officiers doués des qualités, requises. Des testaments, des inventaires, des actes consentis de bonne foi, pouvaient être frappés de nullité, faute d’avoir été faits selon les formules ordinaires. Les procès menaçaient de ruiner un grand nombre de familles, qui demandèrent au gouvernement la légalisation de leurs papiers. Une ordonnance du conseil supérieur déclara valides toutes les minutes, quelle qu’en fût la formule, pourvu que la fraude n’y eût pris aucune part, et autorisa, dans les endroits dépourvus d’officiers, deux habitants notables, assistés de deux témoins, à passer tous les actes nécessaires; lesquels, pour être valables, devaient être transmis dans l’année au conseil supérieur de la colonie, ou aux tribunaux inférieurs de la Mobile ou des Illinois.

plantation

plantation

1751. Le plus beau présent qu’ait jamais reçu la Louisiane lui vint des Jésuites de Saint-Domingue, qui envoyèrent à leurs frères du Mississippi des cannes à sucre, avec des nègres capables de les cultiver et de les exploiter. Ces cannes furent plantées dans les terres des Jésuites, qui comprenaient la partie inférieure du faubourg Sainte-Marie. Soixante pauvres filles, qui arrivèrent ensuite, furent données en mariage aux soldats dont la bonne conduite méritait la récompense rurale dont nous avons parlé plus haut.

Étienne Jeaurat : Conduite des filles de joie à la Salpêtrière

Étienne Jeaurat : Conduite des filles de joie à la Salpêtrière

1752. Il avait fallu douze ans aux Chickasaw pour se préparer à de nouveaux combats. Ils recommencèrent leurs irruptions, avec une audace inaccoutumée. Pour venger et faire cesser des outrages répétés tous les jours, Vaudreuil marcha contre eux à la tête de sept cents hommes de ligne, ou de milice, et d’un grand nombre d’Indiens. Cette expédition échoua, non contre la tactique de ces barbares; mais faute des pièces de siège pour entamer des forts nombreux et bien défendus. On se borna à ravager leurs terres et à agrandir le fort du Tombeckbee, dont on doubla la garnison.

1753. Un Colapissas avait tué un Chactas. les parents du mort n’exigèrent rien moins, que l’application de la peine du talion au coupable. Le père de celui-ci offrit sa vie, qui fut acceptée pour racheter celle de son fils! Ce fut le sujet d’une tragédie écrite par Leblanc de Villeneuve, un des officiers de la garnison.

1754. Les officiers ne s’occupaient pas tous de littérature. Le commandant de l’île au Chat, homme aussi cruel qu’avare,employait ses soldats à faire du charbon de bois, et travaillait lui-même autant qu’eux. La moindre faute était punie à sa manière, il exposait aux piqûres des maringoins, le délinquant, lié à un arbre de la ciprière. Il fut assassiné par quatre soldats, que les Chactas parvinrent à arrêter. L’un d’eux se suicida, la roue fit justice de deux autres. Celui qui restait, un Suisse, appartenant au régiment de cette nation, au service de la Louisiane, fut enfermé vivant dans un cercueil, et scié par deux sergents.

 

d’après Histoire de la Louisiane par victor Debouchel

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