1733 à 1740 La guerre des Chickasaw.

Amérindiens peints par George Catlin, illustrant la pratique de la crosse.

Amérindiens peints par George Catlin, illustrant la pratique de la crosse.

1733. Cependant, les Chickasaw prirent une attitude imposante. Ils donnèrent asile aux Yasous, à un corps de Natchez, à quelques nègres de la colonie de Rosalie. Ils firent plus, ils envoyèrent quelques-uns de ces Africains aux rives du fleuve, à la Nouvelle-Orléans, à la Mobile, afin de soulever les esclaves des habitations, leur complot fut découvert à temps. Quatre de ces malheureux furent roués, et une négresse* fut pendue. La politique des Chickasaw ne s’arrêta pas là, ils parvinrent à détacher de l’alliance des Louisianais, les Chactas orientaux; et, de concert avec les Cherokees, ils interceptèrent les communications entre le Canada et la Louisiane. Il fallait frapper un grand coup, cela était devenu nécessaire afin de mettre à la raison ces perturbateurs de la paix.

Cherokees.

Cherokees.

1734. Pour donner plus d’essor à l’industrie agricole et conserver à la colonie des habitants, une ordonnance du roi, en date de cette année, accordait à chaque soldat retiré du service une portion de terre, à titre de propriété, pour la cultiver. La même ordonnance lui continuait pendant trois ans sa ration et sa paie. Une bonne conduite dans l’armée assurait toujours l’obtention de cette récompense. De cette sorte, on avait des soldats obéissants, qui devenaient dans la suite des cultivateurs respectables.

Albert Ferland: Jean-Baptiste le Moyne de Bienville

Albert Ferland: Jean-Baptiste le Moyne de Bienville

1735. Le fondateur de la Nouvelle-Orléans, Jean-Baptiste Le Moyne de Bienville, venait de remplacer le gouverneur Perrier, dans le gouvernement. Son premier soin fut de porter la guerre à ces tribus turbulentes. Il tenta auparavant la voie de la réconciliation, et demanda aux Chickasaw, les natchez qu’ils avaient recueilli, les meurtriers des Français. Ils les refusèrent, sous prétexte qu’ils les avaient adoptés. Avant de se mettre en campagne, Bienville ordonna au chevalier Pierre d’Artaguiette, qui commandait au fort de Chartres, sur l’Illinois, de venir le joindre avec toutes ses forces. Ce jeune officier, fils de l’ancien commissaire-ordonnateur de ce nom, descendit promptement le Mississippi, à la tête d’un corps de douze cents hommes, presque tous Indiens. Il arriva en face de l’ennemi avant Bienville.

Carte de Louisiane de Dumont de Montigny (1753)

Carte de Louisiane de Dumont de Montigny (1753)

Les Chickasaw, forts de plus de deux mille guerriers, occupaient des forteresses que des officiers anglais leur avaient aidé à construire. Ces officiers les commandaient. Les Illinois de d’Artaguiette impatients d’en venir aux mains attaquèrent contre l’avis de leur chef. Il se mit à leur tête, combattit avec la plus grande intrépidité, mais tomba blessé alors qu’il allait s’emparer d’une forteresse; ses Indiens battant en retraite le laissèrent au pouvoir des Chickasaw.

1736. Le corps d’armée de Bienville arriva bientôt et ne fut pas plus heureux. La forteresse qu’il attaqua, défendue par plusieurs Anglais, devint l’écueil de son entreprise. Sa perte fut d’environ deux mille hommes, tués ou blessés. N’ayant pu enlever ses morts, il les vit, le lendemain, coupés par morceaux et cloués aux palissades ennemies. Un jeune homme de seize ans, nommé Voisin, montra une présence d’esprit admirable, dans la retraite de l’armée, qu’il sauva, par un stratagème des embûches d’un ennemi aussi actif que barbare. Dans l’ivresse du triomphe, les Chickasaw brûlèrent à petit feu le chevalier d’Artaguiette, le père Sénac et les volontaires canadiens, faits prisonniers avec lui.

1739. Un autre plan de campagne contre les Chickasaw fut dressé par Bienville, qui voulait, en finir avec ces sauvages. Il décida de les attaquer par le Mississippi, avec toutes les forces du Canada et de la Louisiane. Charles de la Boische, marquis de Beauharnais, gouverneur de la Nouvelle-France, entrant dans ses vues, lui envoya Pierre Joseph Céloron de Blainville avec les cadets de Québec et de Montréal, et les Indiens du Canada. Bienville, à la tête de ses troupes, parvenu au lieu où s’élève aujourd’hui la ville de Memphis, en Tennessee, y fut joint par les forces canadiennes et celles du fort de Chartres, sur l’Illinois, commandées par Alphonse de La Buissonnière. L’armée réunie présentait une masse de trois mille six cents hommes, dont douze cents européens. On construisit un fort auquel on donna le nom d’Assomption. C’était dans le mois d’août; les chaleurs étaient excessives, les lieux malsains, et pour comble de malheur les provisions manquèrent. On fut réduit à manger les chevaux. Les maladies, qui éclatèrent parmi les troupes récemment venues de France, en enlevèrent une grande partie; ceux qui échappèrent à la mort, accablés de souffrances et de faim, ne purent prendre aucune part à la guerre.

Grenadier of the French Guyenne régiment and a corporal from the Béarn régiment, circa 1756

Grenadier of the French Guyenne régiment and a corporal from the Béarn régiment, circa 1756

1740. La guerre fut commencée par les sauvages* et les Canadiens. A l’approche de l’avant-garde d’une armée qui leur avait paru innombrable, les Chickasaw furent saisis de terreur. Ils demandèrent la paix, en disant qu’ils avaient été poussés par les Anglais de la Caroline, mais qu’ils ne désiraient rien tant que de vivre en bonne intelligence avec les Français. Pour désarmer leurs redoutables ennemis, ils leur livrèrent deux Anglais qui se trouvaient parmi eux. Bienville se laissa convaincre par leurs démonstrations amicales; on fuma le calumet de paix, et le casse-tête des combats fut profondément enterré. Ainsi finit la guerre des Chickasaw, qui pendant sept ans désola la Louisiane.

Chateaubriand voyage en Amérique

Chateaubriand voyage en Amérique

Les termes ayant une * ont été gardés pour rester dans le ton du texte source.

 

d’après Histoire de la Louisiane par victor Debouchel

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