Notre-Dame de Thermidor

Au pied de l’échafaud, à l’ombre de la guillotine, pour provoquer l’indécision de son amant, elle écrivit et fit passer ses mots rageurs : « – Je meurs d’appartenir à un lâche. » Piqué au vif, l’amant, Jean-Lambert Tallien, attise la conjuration qui s’est formée au détriment de Robespierre. Détrôné, ce dernier est guillotiné avec les membres de sa faction, aussitôt la Terreur s’interrompt, les portes des prisons s’ouvrent. Une des  premières à sortir est l’épistolière, la belle Thérésa Cabarrus. Pour la deuxième fois, celui qui va devenir son époux lui ouvre les portes d’une prison. La légende alors se forge et lui vaut le surnom de Notre-Dame de Thermidor.

Jean-Louis Laneuville (1748-1826)

Portrait de Thérésia Cabarrus, dans un cachot à La Force.

Créole

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Charles BAUDELAIRE   (1821-1867)

A une dame créole

Au pays parfumé que le soleil caresse,
J’ai connu, sous un dais d’arbres tout empourprés
Et de palmiers d’où pleut sur les yeux la paresse,
Une dame créole aux charmes ignorés.

Son teint est pâle et chaud ; la brune enchanteresse
A dans le cou des airs noblement maniérés ;
Grande et svelte en marchant comme une chasseresse,
Son sourire est tranquille et ses yeux assurés.

Si vous alliez, Madame, au vrai pays de gloire,
Sur les bords de la Seine ou de la verte Loire,
Belle digne d’orner les antiques manoirs,

Vous feriez, à l’abri des ombreuses retraites,
Germer mille sonnets dans le coeur des poètes,
Que vos grands yeux rendraient plus soumis que vos noirs.

Andrea Appiani – Madame Hamelin, 1798

Paul et Virginie

LE MYTHE DU€BON SAUVAGE

anonyme, huile sur toile, début du XIXe siècle

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PAUL ET VIRGINIE DANS LA FORÊT

Il s’agit ici du même épisode, lorsque les enfants perdus dans la forêt aperçoivent Domingue venu leur porter secours. Le roman de Bernardin de Saint-Pierre continue donc à inspirer les artistes et répond surtout aux attentes des lecteurs.

€Dans ce tableau du début du XIXe siècle, le traitement du paysage est touché par le romantisme naissant, il ne s’agit plus de la nature bienfaisante et protectrice mais d’une végétation que l’on imagine luxuriante et exotique (au premier plan on remarque un strelitzia, plante en vogue à l’époque, ici associée à l’eau alors qu’il s’agit d’une plante qui s’épanouit en terre, au soleil). Les rochers, les racines, la diversité des plantes participent à cette nature désorganisée, non domestiquée, romantique, renforçant le sentiment de solitude et de danger éprouvé par les enfants.

€Domingue, au fond de la scène, apparaît comme une ombre qui se détache sur un halo de lumière et marque la profondeur de la scène mais aussi l’espoir récompensé de Paul et Virginie (les mains jointes en prière) qui incarnent ces valeurs tant recherchées par la bourgeoisie de l’époque pour l’éducation de leurs enfants (la vie familiale, l’obéissance, l’honnêteté, la foi).

Paul et Virginie (4ème de couverture)

Paul et Virginie décrit l’histoire de deux enfants vivant sur l’île de France (désormais Île Maurice). Issus de deux familles différentes, Paul et Virginie sont élevés en commun comme frère et sœur, dans la splendeur naturelle des paysages tropicaux. Lors de l’adolescence, des sentiments amoureux naissent entre les deux personnages. La tante de Madame de la Tour envoie des gardes chercher Virginie pour la ramener en France, sous prétexte qu’elle la fera hériter de sa fortune et de lui donner une meilleure éducation. Plusieurs années après, Virginie fait annoncer son retour sur l’île, mais le navire qui la ramène de France est pris dans une tempête et échoue sur les rochers sous les yeux de Paul. Celui-ci ne tarde pas à succomber à la douleur de la perte de sa bien-aimée.

les filles du roi pour les îles

Les Filles du roi (ou «Filles du Roy», selon la graphie de l’époque) sont des jeunes femmes choisies par le roi de France qui devaient immigrer en Nouvelle-France au xviie siècle pour s’y marier, y fonder un foyer et établir une famille pour coloniser le territoire. Le Roi de France agissait comme un tuteur (leur père) en payant les frais de leur voyage ainsi qu’une dot lors de leur mariage. Cette dot était ordinairement de 50 livres. Elles étaient souvent orphelines et d’origine modeste