L’orpheline/ chapitre 024

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Chapitre 24

La vie continue

Philippine de Madaillan

Elle se sentait plus que légère. Elle était enfin allégée d’une grande partie de ses souffrances. Elle avait l’impression de planer dans le ciel. Elle se mit à marcher sur des nuages entourés de volatiles aux couleurs chatoyantes. Elle sautait de l’un à l’autre comme dans sa toute petite enfance ce qui la faisait rire. Elle découvrit un perron qui menait à un immense escalier. Elle le gravit sans aucun effort. Elle se retrouva face à une porte grandiose qu’elle reconnut grâce à ses moulures dorées et en avant de celle-ci se trouvait un ours, son animal gardien. Instinctivement, elle lui caressa la tête et le salua. Celui-ci poussa la porte qui donnait sur l’interminable galerie qu’elle connaissait. Il marcha devant elle. Elle s’aperçut dans une des glaces et remarqua qu’elle était vêtue d’une robe à l’antique avec une traine, ce qui la surprit. Elle avança vers son ange protecteur qui lui souriait. Jabamiah l’accueillit, la jeune femme ressentit une grande tendresse. « — Comment te portes-tu Philippine ?

— Ma foi, fort bien. Je dois dire qu’avoir informé mon oncle de la vérité de ma vie m’a fait  grand bien. Étrangement, cela m’a soulagée, je n’avais jamais pensé que partager cela m’apaiserait. 

— Tu as eu raison. Ton oncle était jusque là un homme égoïste. Tu l’as obligé à regarder au fond de lui. Pour l’instant, il est ravagé par toutes ses nouvelles et malheureusement pour lui ce n’est pas fini. Ton oncle Ambroise va venir te voir, il va te demander de confirmer tout cela. Mais ne t’inquiète pas, il regorge d’empathie pour toi. Il culpabilise beaucoup, c’est un homme bon. 

animal gardien

— J’en suis consciente. Pour mon oncle Augustin, c’est sa femme qui va partir ?

— J’en ai bien peur. Elle s’y est prise trop tard pour être aidée. Elle a eu trop de vanité pour admettre qu’elle était rongée par un mal. Dans un autre domaine, tu vas devoir t’occuper de Léandre, son père aussi va avoir des problèmes de santé.

— Ah ? Cela va se révéler grave ?

— Oui, très. Il va te falloir beaucoup de courage afin de le soutenir.

— J’en aurai pour lui.

— Je n’en doute pas Philippine.

— Avant de partir, puis-je savoir pour Théophile. A-t-il les mêmes dons que moi ?

— Oui, tu devras lui apprendre à être plus discret.

— Je vais m’en occuper.

— Je te laisse, Philippine. Quoi qu’il arrive, n’oublie pas que nous nous trouvons toujours à tes côtés.

— Merci, ange Jabamiah. »

Sur ce elle s’évaporera. Son animal gardien, la bouscula légèrement pour lui rappeler qu’il était resté auprès d’elle. Elle le regarda dans les yeux. « — Je te suis. » Elle retraversa la galerie illuminée par la pleine lune et commença à descendre l’escalier. Elle se réveilla dans son lit. 

***

Les yeux grands ouverts, Philippine ressassait les dires de l’ange Jabamiah. Ne voulant point ruminer de sombres pensées, elle se leva. Elle attrapa sa robe d’intérieur en épaisse soie lie de vin qu’elle enfila. Elle se dirigea vers l’une des deux portes-fenêtres de sa chambre et en ouvrit les rideaux. Les rayons du soleil baignaient la terrasse et le jardin. Au fond de ce dernier, elle aperçut de l’activité dans les écuries conduisant à une ruelle sur la rue de Margaux. Elle se retourna et regarda sur la commode l’horloge agrémentée de deux nymphes la soutenant. Il était huit heures. Cunégonde n’allait pas tarder, comme à son habitude, elle allait passer par la garde-robe qui donnait sur le boudoir puis sur sa chambre. Elle viendrait lui ouvrir les rideaux afin de la réveiller. Elle effectuait cela quand il n’y avait pas eu de soirée avancée. Cunégonde désormais logeait sous les combles, elle détenait la chambre la plus grande parmi les serviteurs, elle était garnie de deux mansardes. 

Philippine réfléchissait. Son oncle Ambroise arriverait surement en fin d’après-midi, elle commencerait par conséquent par avoir une conversation avec son petit garçon. Il n’avait que trois ans, elle irait donc doucement pour l’alerter. Quant à Léandre, elle attendrait le moment venu. Elle ne pouvait le prévenir avant, cela l’inquiéterait inutilement puisqu’apparemment il ne pourrait rien accomplir. Pour l’oncle Augustin, elle l’avait averti, elle ne pouvait faire mieux. Elle en était là de ses réflexions quand sa gouvernante entra dans sa chambre la découvrant debout. « — Madame est déjà levée ! J’espère que vous avez bien dormi. 

— Oui, Cunégonde. Pourrais-tu me faire amener mon déjeuner dans mon boudoir ?

— Bien sûr, madame, je vais quérir Suzanne ou Léopoldine. »

Elle sortit de la pièce perplexe. Elle se doutait que si sa maîtresse se retrouvait debout c’est qu’il avait dû se passer quelque chose. Elle espérait que ce ne fut point problématique.

Léopoldine arriva avec le plateau portant le petit-déjeuner. Philippine s’était entichée du café. La servante par le biais du cuisinier l’avait agrémenté d’une brioche. Pendant que sa maîtresse s’installait dans un des fauteuils, elle le plaça sur une petite table au support de marbre et aux pieds de bois chantournés. Philippine lui réclama un bain, cela lui ferait le plus grand bien et l’apaiserait peut-être. Ce qui l’ennuyait le plus c’était Léandre. Si son père décédait, elle ne savait comment il le prendrait ni comment il réagirait. Elle s’avérait lasse de cette succession de mortalité. 

***

La matinée se passa. Fin prête, Philippine se rendit dans le salon. Elle s’installa près de la porte-fenêtre afin de profiter de l’astre lumineux. Elle commença à jouer de la harpe, c’est ce qui lui faisait le plus de bien. Cela la détendait et l’apaisait. Dès que Théophile l’entendit, il demanda à sa nourrice s’il pouvait aller voir sa mère. Elle le fit partir devant elle, car elle devait finir de ranger la chambre et les affaires de l’enfant. Il descendit précautionneusement les marches de l’escalier et se rendit au salon. Une fois dedans, il alla s’assoir sur la bergère. Elle s’interrompit et s’installa à ses côtés. « — Bonjour mon grand. As-tu bien dormi ?

— Oui, maman.

— Il faut que je te parle afin de te prévenir. Peux-tu me dire qui t’a donné l’information sur le monsieur en colère ?

— C’est une dame, elle est venue s’assoir au pied de mon lit. Elle m’a dit de te prévenir. » Philippine sourit devant le vocabulaire utilisé par son fils. Enfant, elle détenait le même, ce qui surprenait tout le monde. Les entités leur apprenaient très tôt à s’exprimer correctement. « — Je suppose qu’il n’y a que toi qui l’as vue ?

Théophile

— Oui ! Violaine, elle n’apercevait rien. De plus la dame, elle me parlait dans la tête.

— C’est ma grand-mère qui est venue te rendre visite. Tu dois savoir qu’elle est morte depuis plusieurs années.

— Ah bon !

— Oui. Tu as le même don que moi. Par contre, tu dois éviter de le communiquer aux autres, car en général ils ne comprennent pas. Les seules qui ne vont pas être déstabilisées ce sont Violaine et Cunégonde. Est-ce que tu as saisi Théophile ? 

— Oui maman ! Si l’on vient me parler, je ne le dis qu’à toi, Violaine ou Cunégonde. 

— C’est bien. Dans un domaine différent, sache que l’on va nous livrer un clavecin sur lequel tu pourras apprendre la musique. »

Le garçonnet fut enchanté de l’idée. Il remercia sa mère et l’embrassa. Celle-ci se leva et reprit sa harpe et se mit à chanter.

***

L’après-midi était arrivée dans son milieu lorsque Romain, le valet de chambre, vint annoncer la venue d’Ambroise. Philippine ne s’y attendait pas, elle estimait que cela était fort tôt pour un négociant. Il avait dû partir de sa maison de façon très précoce, cela ne la rassurait guère. Elle se trouvait sur la terrasse et lisait un livre de Monsieur de Montesquieu, « Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence ». Elle avait par ailleurs beaucoup de mal à se concentrer dessus tant elle s’avérait inquiète quant aux requêtes de son oncle Ambroise.  Elle se leva dès qu’il entra sur la terrasse afin de l’accueillir. Elle lui proposa un fauteuil à côté d’elle et se rassit. Ils attendirent que les servantes aient déposé la cafetière, les tasses et la brioche qu’elle leur avait demandées. Quand cela fut effectué et que Léopoldine et Suzanne eurent quitté les lieux, Philippine engagea la conversation. « — Alors mon oncle, que me vaut votre visite. Je dois dire que je m’en doute un peu. 

— Comment vous devez le supposer, mon frère est venu me voir suite à votre entretien chez vous. Je suis désolé pour vous, car si j’ai bien deviné, il était arrivé pour vous sermonner sur le résultat de sa rencontre avec monsieur Le Berthon.

— C’est un fait. Il s’est présenté très en colère. Cela m’a demandé beaucoup de sang froid, effectivement. 

— Il m’a raconté dans les grandes lignes ce qui était parvenu à ma sœur puis à ma mère. J’en fus très surpris. Cela a dû beaucoup vous affecter. Si je puis me permettre, car Augustin était très bouleversé aussi il n’est pas rentré dans les détails, mais comment l’avez-vous su ?

— Pour ma mère, cela m’a été confirmé par les serviteurs du château qui avaient été écartés par mon oncle et que j’ai fait revenir. Je les ai entendus tout à fait par hasard depuis la fenêtre de mon bureau qui était ouverte. Ma cuisinière et ma chambrière, qui était celle de ma mère, se demandaient si j’étais consciente pour le viol. J’ai donc sollicité Louise pour comprendre de quoi elle parlait. Bien que gênée, elle m’a transmis ce qui lui était arrivé et leur incapacité à l’aider, le valet du vicomte les empêchant de rentrer dans la chambre. Elle m’a aussi éclairée sur les incertitudes quant au supposé accident de Horace de Madaillan. Son époux a rencontré le valet de l’hôtel particulier des Drouillard. Ce dernier lui avait précisé ce qui s’était passé et ses doutes sur la chute. » Bien sûr, elle ne dit pas vraiment comment elle en avait été informée par sa propre mère, Ambroise n’aurait pas compris. « — Et pour ma mère, comment en aviez vous été avisée ?

— En fait, si vous vous en souvenez, le notaire, lors de la signature de mon héritage, m’a donné une lettre de votre mère dans laquelle elle m’expliquait ce qui était arrivé à ma mère, sa culpabilité et son besoin de partir. C’est comme cela que j’ai appris pour le poison.

Ambroise Bouillau-Guillebau

— Mais comment avez-vous su que ma belle-sœur en était instruite ? 

— C’est au premier repas que je l’ai deviné. Lorsque nous avons conversé du départ de votre mère, j’ai bien vu que celle-ci était fort gênée. J’en ai déduit qu’elle était au fait pour le suicide. Elle a dû trouver le flacon et elle n’a pas dû vouloir vous en parler pour ne pas rajouter à votre peine. De plus, votre mère aurait été excommuniée par l’église si l’on avait su qu’elle s’était ôtée la vie. 

— Tout cela a dû s’avérer difficile pour vous.

— C’est exact d’autant que j’ai découvert que j’avais été exclue de la famille pour quelque chose qui n’était pas de mon fait. 

— Je ne sais comment, nous pouvons nous rattraper.

— Vous ne pouvez pas et vous n’y êtes pour rien. Votre père a été si peiné par la mort de sa fille qu’il vous a transmis son ressentiment. Il n’a pas pu faire autrement et votre mère a accompli ce qu’elle pouvait pour moi. Elle ne savait pas alors ce qui s’était passé. De plus, mon oncle le vicomte ne lui a pas laissé de latitude, c’est lui qui a décidé de tout. »

Ils continuèrent la conversation puis poursuivirent sur les problèmes de santé de sa belle-sœur. Philippine lui expliqua comment elle l’avait deviné, en omettant les dires de sa grand-mère à ce sujet. Ambroise partit en s’excusant de tous les drames qui avaient bouleversé sa vie. Elle lui rappela qu’il n’y était pour rien. Ils se quittèrent sur ses mots.

***

Les jours s’écoulaient, et à chacun d’eux Léandre passait voir Philippine à son grand plaisir. Ils conversaient, et souvent il restait souper. Le mois de mai arriva à sa fin, le jeune homme annonça à celle-ci qu’il allait devoir visiter tous les domaines de Guyenne en lien avec la maison de négoce Cevallero, ainsi que quelques manufactures qui détenaient des marchandises qu’elles désiraient vendre dans les colonies. Il serait de retour dans un mois, elle répliqua qu’elle allait se rendre dans son château. Somme toute, la plupart des nobles y passaient l’été, elle ferait donc comme eux. Il décida qu’il la rejoindrait là-bas, après tout le lieu possédait aussi des propriétés dont il devait estimer la quantité des cultures produites.

À la messe dominicale qui suivit, après les avoir remerciés pour ce qu’elles et leurs conjoints avaient accompli pour elle, Philippine prévint Madame Duplessy et Madame Le Berthon de son départ pour ses terres, ce à quoi elles répondirent qu’elles allaient faire de même. Elles se retrouveraient à leur retour.

Toute à sa langueur de ne pas revoir Léandre pendant un certain temps, elle ne réalisa pas la satisfaction de Cunégonde et Violaine. Celles-ci s’empressèrent de remplir les malles et de les fermer. 

***

Cela faisait deux semaines que Philippine était revenue au château de Madaillan. Chaque jour, elle prenait sa jument et allait se promener, tout comme elle jouait de la harpe qu’elle avait amenée. Les deux divertissements lui faisaient grand bien, mais ce qui s’avérait pour elle le plus apaisant c’était son fils. Il commençait déjà à apprendre à lire, ce qui surprit tout le monde. Il dessinait aussi fort bien pour son âge et accomplissait ses débuts tout seul sur le clavier du clavecin qui se trouvait au château depuis les grands-parents de la vicomtesse. Tout cela distrayait cette dernière.

Adossée contre le tronc, assise sur une couverture, Philippine regardait au travers des branches du  saule pleureur les quelques nuages qui sillonnaient le ciel. Elle s’était dissociée de ses pensées, elle ne vit donc pas arriver madame Fauquerolles. Celle-ci, face à elle, l’interpella et la fit sortir de sa rêverie. « — Philippine, tu veux te promener avec moi ? J’ai besoin de ton avis sur des noces à venir.

— Sans problème Berthe. » Elle se leva et plia sa couverture qu’elle mit sous son bras. Elles allèrent marcher dans le jardin afin de converser tranquillement. « – Alors Berthe, qui a l’intention de se marier ?

— En fait, ta gouvernante, Cunégonde, désire ta validation afin de prendre pour époux Jean.

— Mais elle n’a pas besoin de mon assentiment. Elle accomplit ce qu’elle veut.

— Il va falloir le lui dire, Philippine. Pour l’instant, elle n’a pas osé dire oui à mon fils. Elle lui a répliqué qu’elle devait te demander ton approbation. 

— Il n’y a pas de problématique, rassure Jean, je vais parler avec elle. Elle composera sa vie comme elle veut, ce n’est pas moi qui vais m’immiscer dans la sienne. 

— Je m’en doute. J’ai déjà calmé Jean qui a été choqué par sa réponse. Mais qu’est-ce qui fait qu’elle manque autant d’indépendance ? 

— Dans les colonies, c’est la maîtresse ou le maître qui fournit l’autorisation. C’est pour cela qu’elle s’est sentie obligée de donner cette réponse. » Philippine ne dit pas que Cunégonde était une ancienne esclave, elle avait réagi comme si elle l’était encore. « — Rentrons Berthe, je vais aller la voir de suite. Plus cela sera effectué rapidement, plus Jean et Cunégonde se ressentiront libres de pratiquer ce qu’ils veulent. »

***

Cunégonde Guitrac

 À peine entrée dans le château, Philippine alla chercher sa gouvernante. Comme elle ne la trouvait pas, elle réclama à Louise, qu’elle avait découverte rangeant le salon, d’aller la quérir. Une vingtaine de minutes plus tard, Cunégonde pénétra dans le salon où patientait sa maîtresse. Prétextant un souci, cette dernière lui requit de la suivre dans sa chambre, elle désirait ne pas être entendue de qui que ce soit. Arrivée dans le lieu, elle lui enjoignit de fermer la porte puis de s’assoir dans un des fauteuils de la pièce. La jeune femme s’interrogeait, quel était le problème de sa maîtresse pour qu’elle s’isolât avec elle ? «  Cunégonde, je viens d’apprendre que mon frère de lait t’a demandé ta main. Il faut que tu sois au fait que tu te trouves libre de tes choix. Je n’ai plus à intervenir afin de valider chaque étape de ta vie. » La gouvernante interpellée se sentit décontenancée, elle ne s’attendait pas à ce que ce sujet s’ouvre à la conversation. Elle ne savait que répondre. «  Cunégonde, si tu veux devenir l’épouse de Jean, tu peux lui dire oui, je n’ai aucune objection. De plus, je n’ai pas mon mot à dire.

— Mais Madame, je désire toujours vous servir.

— Il n’y a aucun problème, ce n’est pas parce que tu vas te marier que je ne vais pas te garder à mon service. Nous devrons juste nous organiser au moins lorsque nous serons à Bordeaux.

— Mais où que vous alliez, je veux vous suivre, Madame.

— Ne t’inquiète pas, pense à ton bonheur. Jean est vraiment un gentil jeune homme. Je n’ai jamais eu à m’en plaindre. Enfant, il m’a toujours protégée. Je suis sûr qu’il fera de même avec toi. Si cela te convient, accepte sa proposition. De plus, je suis assurée que tu adhères à celle-ci. Donc ne t’alarme pas, je ne te rejetterai pas. Par contre, évite de lui dire que tu étais esclave, non pas que cela le choquerait ou qu’il en parlerait, mais il vaut mieux que tu le gardes pour toi. »

***

Les noces furent prévues pour le premier samedi de juillet, ils se devaient de préparer celles-ci. Cunégonde et Jean étaient enchantés. Pendant cette période, Léandre revint dans l’Entre-deux-mers. Il était passé par Bordeaux avant de venir au château de Madaillan. Il avait trouvé son père quelque peu fatigué, mais comme le lui dit celui-ci, la charge de travail n’était pas négligeable. À peine arrivé dans le domaine, et après avoir serré contre lui Philippine, il lui en fit la remarque lors d’une conversation. La jeune femme lui proposa de rentrer à la ville, s’il le désirait. Il lui répondit que ce n’était pas utile, ce n’était que ses taches qui l’épuisaient. Lui-même devait effectuer le tour des propriétés pour estimer la quantité des cultures, et le nombre de barils de vin que la maison de négoce devrait prendre en main. Philippine ne rajouta rien, même si elle se doutait que cela s’avérait plus grave que ce que pensait son prétendant.

***

L’orage approchait, les nuages se rassemblaient vers le château. De la porte-fenêtre, Philippine regardait venir vers elle les éclairs qui vibraient au loin. Derrière elle, Théophile pianotait sur le clavecin. Étonnamment, son jeu se révélait harmonieux, il jouait de façon intuitive. Violaine arriva pour le chercher afin d’aller faire la sieste. Il pleurnicha un peu, mais au regard de sa mère, il comprit qu’il devait la suivre. Une fois la nourrice et l’enfant sortis, la jeune femme quitta sa place et se dirigea jusqu’à la bibliothèque. Elle y saisit un livre et s’installa dans une des bergères du salon de la rotonde. Elle essaya de se concentrer sur sa lecture, mais elle ressentait un manque. Cela faisait trois jours que Léandre demeurait absent. Ce n’était pas une nouveauté, il arpentait les domaines de l’Entre-deux-mers, mais cette fois-ci il était parti pour Bordeaux. Elle s’avérait inquiète, dans quel état allait-il découvrir son père. Pour l’instant, elle n’avait acquis aucune information. Ne se situait-elle pas trop loin de la ville pour obtenir des nouvelles de la part d’une entité ? Avec un peu de chance, il devait bien se porter. Son esprit se dispersa et revint sur le souvenir des noces de Cunégonde et de Jean. Elle était satisfaite, car il s’était bien déroulé. Ils avaient été unis à l’église de Sauveterre-de-Guyenne. Ensuite, il s’était tenu un grand repas sur la terrasse, où tout le personnel avait été convié. Philippine avait été comblée de voir le bonheur du jeune couple. Elle se révélait consciente que leur vie allait s’avérer heureuse. Elle en était là, quand elle réalisa qu’elle apparaissait dans le jardin au milieu des éclairs, au centre de la tourmente, mais protégé d’elle par un tourbillon nuageux encerclant le lieu. Étrangement, elle ne craignait pas l’orage d’autant qu’aucune goutte d’eau ne la touchait. Une colonne de brouillard s’éleva du sol jusqu’au ciel entourant l’espace dans lequel Philippine se trouvait. De cette vapeur, une entité sortit, c’était celle de la cathédrale, la mère de Léandre. Le corps de la jeune femme fut parcouru de frisson. Était-il advenu quelque chose à celui qu’elle aimait ? Elle se redressa, elle ne devait pas s’effondrer. « — Bonjour, Philippine, je viens te rassurer. Les problèmes de santé de mon époux ne sont pas pour tout de suite. Ils commenceront à un mauvais moment. Certes ! Mais pour l’instant, vous n’avez pas à vous inquiéter. 

— Vous savez quand ils se produiront ?

— Pas exactement, Philippine. Mais une chose est sûre pas maintenant. Vous avez le temps d’organiser votre mariage avec mon fils. » La phrase finit, elle s’évapora laissant la jeune femme perplexe.

***

Pénétrant dans le salon de la rotonde, Cunégonde découvrit sa maîtresse écroulée sur la bergère, les yeux grands ouverts. Elle allait s’affoler, mais elle réalisa qu’elle se trouvait en transe. Elle lui secoua l’épaule afin de l’en faire sortir. Elle avait déjà vu Lilith dans cet état, mais jamais sa maîtresse. « — Madame ! madame ! Monsieur Cevallero vient d’arriver ! » Philippine revint sur terre et découvrit sa gouvernante. L’orage visiblement s’était éloigné, le soleil irradiait la pièce. « – Excuse-moi Cunégonde, je me suis endormie. Que me disais-tu ?

— Monsieur Cevallero vient d’arriver, il a laissé son cheval dans les écuries. Il va entrer dans la demeure d’une minute à l’autre.

— Ah ! Très bien. Dès qu’il se trouvera là, dis lui que je suis à même de le recevoir. »

Philippine se leva, elle alla jusqu’au miroir au-dessus de la cheminée afin d’estimer à quoi elle ressemblait. Elle tapota sa robe à la française en vue de la remettre en ordre et replaça ses boucles de cheveux. Cunégonde sourit en voyant sa maîtresse se rajuster, car cela démontrait l’affection qu’elle portait au jeune homme. Elle sortit et prévint le majordome que sa maîtresse attendait monsieur Cevarello. 

***

« — Ah ! Mon aimé, vous voilà enfin de retour ! » Léandre sourit devant le manque  évident qu’il avait engendré à celle qu’il adorait. Il avait fait au plus vite malgré l’orage. Et comme il était arrivé trempé, il avait pris le temps de se sécher et de se changer. « — Cela ne fait que trois jours, Philippine. Mais rassurez-vous, je n’apprécie pas de résider loin de vous.

— Comment va votre père ?

— Ma foi, fort bien. Il m’a retenu afin que je lui effectue un rapport sur les domaines que j’avais visité et il m’en a donné deux nouveaux que je vais devoir estimer.

— Où se situent-ils ?

— L’un se trouve près de saint-émilion.

— Pourrais-je vous accompagner, j’en profiterais pour me rendre à l’abbaye.

— Avec plaisir, ensuite je devrais aller aux abords de l’abbaye de la Sauve-Majeure, leurs propriétaires ont écrit à mon père. Ils désirent faire fructifier leur domaine, mais ils ne savent pas comment.

— Par hasard, ce ne serait pas la famille de Rauzan ?

— Vous les connaissez ?

— Catherine de Rauzan était une de mes amies au couvent. De plus, vous l’avez rencontrée à la Nouvelle-Orléans.

— Bien sûr ! La jeune femme blonde qui était mariée avec monsieur Fery d’Esclands.

— Oui, c’est bien elle, mais surtout n’en parlez pas ni à sa mère ni à son frère. Après l’avoir abandonnée, ils seraient susceptibles de lui demander de l’argent. Et bien qu’elle leur en veuille, la connaissant, elle serait capable de leur en fournir.

— Pas de souci, Philippine, je me tairais. De toute façon, mon père a de sérieux doutes quant à leur potentiel malgré les appuis que détient cette famille. 

— Je suppose que vous allez revenir à la ville ? Vous me direz quand vous l’accomplirez, car je dois m’y rendre afin que mon personnel ne m’oublie pas.

— Je pense que j’y retournerai suite à ces visites pour effectuer mon rapport à mon père, ce sera donc avec plaisir que je pratiquerai le voyage en votre compagnie. »

Attendrie par sa réponse, elle lui prit la main et l’entraina sur la terrasse puis elle lui fit descendre les marches qui menaient au jardin. Le ciel ne détenait plus de nuage, l’orage avait fui les lieux. Elle saisit son bras et s’appuya. Elle le dirigea vers l’un des sentiers de la forêt. Ils ne parlaient plus, ils n’en avaient plus besoin. Lorsqu’ils se trouvaient ensemble, ils s’avéraient apaisés de leur crainte, de plus leur présence mutuelle leur suffisait. Il lui tapota la main et lui sourit. Ils marchaient tranquillement profitant de ce qui les entourait. Ils arrivèrent près des champs de la métairie qui élevait les chevaux à venir. Ils découvrirent les juments qui avaient été fécondées par les étalons. Elles détenaient devant elle encore dix mois de gestation. Léandre lui expliqua. « – Plus elles s’approchent de la mise à bas de leur poulain plus leur régime alimentaire doit être complet et leurs habitudes maintenues.  

Philippine de Madaillan

— Il n’y a pas d’inquiétude à avoir puisque c’est Jean-Marcel qui s’en occupe avec le jeune Raoul. L’un comme l’autre se révèlent des plus sérieux. 

— Dans un domaine différent, avez-vous perçu de qui Jean-Marcel s’est entiché ? 

— Nullement ! De qui s’est-il énamouré ?

— De Violaine ! Et elle a l’air de le lui rendre.

— À la fin, tout mon personnel va rester ici. Je ne m’inquiète pas, Violaine est avant tout la nourrice de Théophile et elle a énormément d’affection pour celui-ci. Il le lui rend bien. 

— Et s’ils veulent se marier ?

— Tout comme Cunégonde, c’est elle qui décidera. Je n’accomplirai aucune objection, mais j’avoue que je ne m’en étais nullement rendu compte. » 

Leur échange terminé, ils choisirent de retourner au château. Ils reprirent leur chemin à l’inverse au rythme de la promenade, Philippine toujours accrochée à son bras. Ils rentrèrent. Ils ne discutaient pas, ils écoutaient la nature, le bruissement des arbres, le jacassement et le piaillement des oiseaux… ils s’en imprégnaient. Ils avançaient lentement profitant du décor et se satisfaisant de se retrouver ensemble. Ils pénétrèrent dans le jardin et gravirent les marches qui menaient à la terrasse. Théophile, depuis le salon de la rotonde, les aperçut. Il s’élança vers la porte-fenêtre interrompant la lecture de madame Conrad. Elle la lui pratiquait afin de lui inculquer du nouveau vocabulaire à travers des histoires pour enfant. À sa grande surprise, il parlait déjà fort bien et arrivait à lire certains mots. Le garçonnet ne pouvait atteindre la poignée, aussi Violaine vint lui ouvrir. Le petit garçon se précipita dans les jupes de sa mère, elle le prit dans ses bras. « — Théophile, tu sais que nous nous trouvions tous les deux avant ta sieste ?

— Oui mère, mais tu m’as manqué.

— Tu es sûr, que le fait d’avoir vu monsieur Cevallero, tu n’aurais pas songé que vous alliez pouvoir jouer ensemble ?

— Aussi mère.

— Alors, commence par le saluer. »

Elle le reposa au sol et celui-ci dit bonjour à Léandre qui s’en amusa. Cunégonde entra à ce moment-là pour le prévenir que monsieur Sanadon souhaitait le rencontrer et elle sollicita madame Conrad pour leur cours avec Jean, ce dernier venait d’arriver. 

***

Violaine ne se révélait pas bavarde hormis avec Théophile. Elle ne causait guère, car très vite elle avait réalisé qu’elle possédait un fort accent. Elle fit comme Cunégonde, elle prêtait attention aux conversations de ses maîtres et le soir elle s’entrainait afin de s’approcher de leur élocution. Maintenant qu’elle résidait en France, même si elle avait pris conscience que le personnel avait une prononciation régionale assez intense, elle continua toutefois à écouter sa maîtresse et lorsque la gouvernante de Théophile arriva, elle fit de même. Celle-ci le constata, aussi elle la reprenait gentiment pour l’aider, d’autant que cela pouvait renforcer la diction du petit garçon. Violaine en fut très contente surtout depuis que Jean-Marcel la courtisait, elle préférait s’adresser à lui de la meilleure façon. Elle ne voulait pas passer pour une moins que rien puisque désormais il détenait la métairie qui servait à la reproduction des chevaux.  

***

Pour la première fois, Philippine et Léandre ne rentraient que tous les deux à Bordeaux. Assis l’un à côté de l’autre, ils conversaient. De temps en temps, elle appuyait sa tête contre son épaule et regardait le décor alentour. Comme ils ne partaient que pour trois ou quatre jours, la jeune femme avait laissé son petit garçon entre les mains de sa nourrice et de sa gouvernante. Lorsque Cunégonde suggéra qu’elle allait la suivre, sa maîtresse lui répondit que revenant dans très peu de temps, elle ferait avec Léopoldine et Suzanne. Elle préférait ne pas l’éloigner tout de suite de Jean. Quant à monsieur Sanadon, il restait pour conseiller monsieur Fauquerolles. 

Ayant atteint la Bastide, ils traversèrent la Garonne. Une fois celle-ci franchit, Léandre prit son cheval attaché derrière le carrosse et se rendit dans sa maison de négoce. De son côté, Philippine demanda à passer par celle de son oncle Ambroise. Arrivée rue de la Rousselle, elle apprit qu’il se trouvait absent. Elle lui laissa un message.

***

Comme chaque jour, Léandre soupait avec elle. Le repas terminé, le jeune homme partit à sa maison familiale, Léopoldine vint aider sa maîtresse à se déshabiller et à revêtir sa chemise de nuit et sa robe volante. Une fois seule, Philippine attrapa un livre et s’installa dans une des bergères de sa chambre à côté de la console qui soutenait le chandelier apportant la lumière. Quelque chose la dérangeait, elle ne savait quoi. Bien qu’elle essaya de se concentrer sur sa lecture tout en tapotant machinalement l’un des accoudoirs, elle n’y arrivait pas. Elle se releva et s’approcha d’une des deux portes-fenêtres. Elle repoussa le rideau et jeta un œil dehors découvrant dans le ciel la pleine lune irradiant au milieu des étoiles. À sa surprise, se révéla à elle son animal gardien sous la forme d’un ours à ses pieds. « — Bonsoir à toi ! Que viens-tu me dire ? » Au même moment, un courant d’air glacial se propagea derrière elle, la faisant se retourner. Elle découvrit pour la première fois une entité, une femme visiblement ravagée par la souffrance. Elle le lui hurla dessus. « — Tu dois partir ! Tu n’as rien à faire ici ! Ce n’est pas chez toi ! » Elle allait se précipiter sur elle  quand l’ours grogna et se redressa devenant plus grand que les deux femmes. Cela arrêta l’entité dans son élan. Le cœur de Philippine battait la chamade tant elle avait été perturbée par cette soudaine agression. « — Mais qui es-tu ? 

— Je suis la maîtresse de cette maison, Maria-Louisa della Quintania !

— Mais tu es morte.

— C’est un fait !

— Je suppose que tu sais que ton époux est décédé et que je suis son héritière.

— Paul-Louis a rendu l’âme ?

Maria Louisa della Quintania

— Oui, il a été tué au siège de Kehl.

— Ah… Je vais donc l’attendre.

— Je te le déconseille, tu devrais plutôt entrer dans la lumière. Outre qu’il a péri fort loin, dans le nord-est, en Allemagne, il a effectué des choses qui vont l’obliger à errer quelque temps par là-bas. Cela peut même être long. 

— C’est impossible, il n’a rien accompli de répréhensible ! Il n’y a que ça, qui peut le retenir !

— Je pense qu’il ne t’a pas tout dit. Il a violé ma mère et je suis le fruit de cet acte. De plus, il a trucidé son frère en le faisant passer par-dessus le balcon de l’hôtel particulier des Drouillard. Il faut dire que ce dernier connaissait l’agression qu’il avait effectuée à son épouse.

— Mais vous racontez n’importe quoi ! Il n’aurait jamais réalisé cela !

— J’aurais aimé. Il est vrai qu’à partir du moment où il vous a rencontrée, il s’est focalisé sur vous et il vous a créé une belle vie. Par contre, vous n’avez pas perdu tous vos enfants pour rien. Il devait être puni pour ses actes, il s’avère dommage que vous en ayez pâti. De plus, je ne suis pas assuré au vu de son égo que d’autres personnes n’en ont pas souffert.

— C’est scandaleux ce que vous dites ! C’est impossible, il n’a pas pu accomplir ce que vous avancez !

— Je comprends que cela vous choque, je l’ai été aussi… Comment se fait-il que je ne vous aie point vu auparavant ?

— C’est à cause de votre fils qui a le même don que vous. Je suis donc resté en retrait. Je ne voulais pas lui faire peur !

— C’est aimable à vous. S’il vous plait, entendez ce que je viens de vous dire et allez vers la lumière. Quoiqu’il arrive, mon oncle finira par vous rejoindre et de toute façon une fois dans l’énergie cosmique vous pourrez l’assister. »

L’entité ne répondit pas, elle préféra disparaitre. Pendant tout ce temps, son animal gardien ne l’avait point quittée. Il se révélait prêt à la défendre. « – C’est bien Philippine, vous avez bien géré la situation.

— Merci ! Merci à vous d’être venu m’aider.

— Je me trouve là pour ça.

— Je te remercie tout de même. »

Il s’évapora sa démarche finie. La jeune femme resta surprise par cette situation qu’elle venait de vivre et de la colère de l’entité. Elle espérait ne jamais la revoir. Elle ôta sa robe volante, éteignit le bougeoir et se coucha. Elle supposa qu’elle allait avoir du mal à s’endormir.

***

Contre toute attente, la jeune femme sommeilla fort bien. Elle s’éveilla au milieu de la matinée et les yeux à peine ouverts, elle entendit une voix lui certifiant que l’entité était passée dans la lumière. Elle en fut apaisée. Elle se leva, enfila sa robe volante et alla quérir ses domestiques qui n’avaient point osé la réveiller. Suzanne et Léopoldine lui préparèrent un bain que Philippine prit après avoir déjeuné. Après ce délassement bienfaiteur, les deux servantes l’habillèrent en suivant sa demande, soit une robe à la française, et la coiffèrent. Elle était à peine apprêtée que Léandre se présenta et lui proposa de repartir pour le château. Elle était quelque peu ennuyée, elle n’avait pas obtenu pendant ses trois jours de nouvelle de son oncle Ambroise. Elle supposait qu’un drame se présageait, elle était à peu près sûre que l’épouse de son oncle Augustin se trouvait au plus mal. Elle demanda à son compagnon de l’attendre ou de l’accompagner, car elle se devait de passer à la maison de négoce des Bouillau-Guillebau. Il accepta de se joindre à elle.

Ils firent charger leurs bagages dans le carrosse et s’y rendirent. Arrivé sur place, le cœur de Philippine palpitait. Le secrétaire de l’établissement, Louis-Armand Chavrol, les reçut et les guida jusqu’au bureau de son oncle à l’étage. Après les avoir annoncés, il les laissa pénétrer dans la pièce. « — Bonjour, mon oncle, désolé de vous perturber, mais je repars au domaine de Madaillan. J’aurais aimé avant cela avoir de vos nouvelles.

— C’est sans problème Philippine. Excusez-moi, je n’ai pas pris le temps de venir vous visiter, mais la période s’avère difficile. Louis-Armand, s’il vous plait, pouvez-vous nous amener du café ? Pardonnez-moi, monsieur Cevarello, je ne vous ai pas salué. Entrez, je vous en prie, et asseyez-vous.

— Que vous arrive-t-il donc mon oncle ? Vous paraissez surchargé d’inquiétude.

— À moi rien, ma famille se porte bien. Par contre, Laurentine est emplie de douleurs. Comme vous vous en doutez, on ne sait ce qui la ronge à l’intérieur. Son système digestif semble ravagé. Elle a beaucoup de mal à ingurgiter quoi que ce soit. Elle maigrit à vue d’œil. Vous aviez tristement raison, elle n’a pas réagi assez tôt et ses médecins siègent dans l’inconnu devant ses maux. 

— Je suis désolé, j’ai fait de mon mieux en les prévenant.

— Je sais Philippine, j’en suis conscient. De toute façon, vous n’y pouvez rien.

— Malheureusement, oui. »

En même temps, Louis-Armand amena les tasses et la cafetière. Il servit tout le monde et se retira. Philippine reprit la conversation. «  Il n’y a donc rien à faire ?

— Elle a vu plusieurs médecins, mais tous sont désemparés devant cette maladie. Ils supputent un cancer.

— Voilà qui s’avère fort triste pour elle.

— Que voulez-vous, nous nous retrouvons tous décontenancés. Augustin est encore plus miné. Il plonge dans l’abattement. »

Ne pouvant rien ajouter, ils glissèrent sur d’autres domaines, puis Philippine et Léandre se retirèrent. En prenant le carrosse, celle-ci culpabilisait, mais elle ne pouvait rien accomplir. Elle n’en avait pas les capacités. Son compagnon s’en rendant compte, il lui tenait la main essayant de la rassurer.

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Cette histoire met en scène des personnages réels et des personnages fictifs ainsi que des événements et des dialogues inventés à des fins dramatiques et afin de compléter les vides des biographies. Les illustrations des personnages ne sauraient être confondues avec les personnes réelles.

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2 réflexions sur “L’orpheline/ chapitre 024

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