1683 à 1698 Tentative infructueuse de colonisation

Robert Cavelier de La Salle

Expédition de Robert Cavelier de La Salle à la Louisiane en 1684, peint en 1844 par Théodore Gudin. La Belle est sur la gauche, Le Joly au centre et L'Aimable est échoué à droite.

Expédition de Robert Cavelier de La Salle à la Louisiane en 1684, peint en 1844 par Théodore Gudin.
La Belle est sur la gauche, Le Joly au centre et L’Aimable est échoué à droite.

1683. La Salle porta lui-même à Paris la nouvelle de ses explorations. En reconnaissance de ses services, Louis XIV lui fournit tous les moyens nécessaires à l’établissement d’une colonie sur les rives du Mississippi. Douze jeunes gentilshommes, douze familles de cultivateurs, cinquante soldats, des ouvriers de toute espèce, formant un total de deux cent cinquante personnes, furent mises à la disposition de La Salle, qui partit avec elles de La Rochelle, sur quatre bâtiments commandés par le capitaine Tanguy Le Gallois de Beaujeu.

1684. Un sort funeste attaché à cette expédition devait la conduire à sa ruine entière : tous ces malheureux, à l’exception de seize personnes, ne devaient plus revoir leur patrie. D’abord, la tempête dispersa la flotte avant d’arriver à Saint-Domingue; ensuite un des bâtiments fut capturé par les corsaires espagnols; puis La Salle ayant été retenu dans cette île pour cause de maladie, la fièvre jaune moissonna une partie de ses gens. Tout cela n’était rien encore en raison de ce qu’il leur restait à souffrir. Au lieu d’arriver à sa destination, l’embouchure du Mississippi, la flotte, se trouva au fond de la baie de Saint-Bernard, sur les côtes du Texas. La Salle s’étant aperçu de l’erreur voulait rebrousser chemin; Beaujeu s’y opposa avec opiniâtreté; ils se brouillèrent. Un bâtiment, poussé par les brisants, s’échoua et fut englouti avec toutes les provisions qu’il portait. Beaujeu irrité, en attribuant la cause à La Salle, lui laissa une partie des provisions de son vaisseau, avec douze canons, mais refusa de lui donner des boulets, sous prétexte qu’il ne pouvait les débarquer sans risque. Il fit voile pour la France, abandonnant La Salle et ses compagnons à leur malheureux sort.

1685. Le premier soin des colons fut de se mettre à l’abri des attaques des sauvages, qui rôdaient nuit et jour autour d’eux. On construisit un fort où l’on jeta une centaine de personnes. La Salle, avec le reste, se mit à la recherche du Mississippi par terre, tandis que le seul bâtiment qui lui restât le suivait en côtoyant le rivage. Il éleva un autre fort, seize milles au-dessus de l’embouchure du Colorado (en fait sur les berges de la Garcitas Creek, à quelques kilomètres à l’intérieur des terres de l’embouchure du fleuve Lavaca), et y transporta bientôt la colonie entière; on lui donna le nom de fort de Saint-Louis.

1686. Cependant, les maladies se déclarèrent, et les Indiens commettaient maint assassinat: le capitaine du bâtiment et douze matelots furent massacrés par ces sauvages; La Salle les poursuivait toujours vainement. Pour comble de malheur, le brick, assailli par une violente tempête, coula avec les munitions de guerre, de bouche, et les instruments de labourage, dont il était chargé. Avec lui s’évanouit l’espoir que l’on avait nourri jusque là d’aller chercher des secours à Saint-Domingue.

Il forma alors un projet des plus périlleux, celui de se rendre par terre chez les Illinois, avec vingt hommes seulement. La Salle, L’abbé Jean-Toussaint Cavelier, son frère, Colin Crevel de Moranger, son neveu, deux Indiens et quinze soldats, se mirent en route à travers des fleuves, des marécages, des forêts, pays sauvages et habités par des peuplades plus « sauvages encore. Les Cénis, plus hospitaliers, plus doux, et dont les femmes étaient plus jolies que les autres Indiennes, causèrent la désertion de quelques-uns de ses compagnons. Son neveu et lui-même malade, ils trouvèrent des secours chez les Nassonites. Après une excursion de cent cinquante lieues, il revint au fort de Saint-Louis, qu’il trouva dans un état de prospérité.

1687. Un repos de deux mois lui suffit pour se refaire des fatigues du voyage et se préparer à un nouveau. Il ne pouvait abandonner l’idée d’atteindre le Canada par terre. À la tête de vingt hommes, son frère, son neveu et le père Athanase compris, il se mit en route. Il ne devait plus sortir des déserts où il allait s’aventurer. Pour chasser plus facilement, on se divisa en deux bandes, l’une commandée par l’oncle, l’autre par le neveu. Au bout de neuf jours de marche, le neveu fut tué par un homme de sa, troupe, Liotot, un chirurgien qu’il avait maltraité. Ce crime en amena un plus grand: l’assassin poussa le sergent Duhault, son ami, qui avait à se plaindre de Lasalle, à massacrer cet homme célèbre. La Salle, frappé, d’une balle, à la tête, périt avec le regret de laisser son projet inachevé, la colonisation des rives du Mississippi.

Cavelier de la salle assassiné

Cavelier de la salle assassiné

Les meurtriers se détruisirent l’un par l’autre; les deux derniers se réfugièrent parmi les Indiens; l’abbé Cavelier, le père Athanase et Henri Joutel, son homme de confiance, atteignirent, l’Arkansas, après des fatigues inouïes.

Les habitants du fort Saint-Louis eurent une fin plus malheureuse: détruits presque totalement par les indigènes, ils se dispersèrent dans les bois, où tous périrent, de faim ou de mort violente.

1689. Alonzo de Léon, explorant les rives, du Colorado, trouva des ossements blanchis au milieu des ruines du fort Saint-Louis, et cinq enfants blancs, qui parlaient français, parmi les Indiens. Il les emmena avec lui: c’était tout ce qui restait de la colonie de Lasalle.

1698. Neuf ans plus tard, ils servaient en qualité de matelots sur un vaisseau espagnol capturé par le capitaine Desaugiers, qui les ramena en France.

 

d’après Histoire de la Louisiane par victor Debouchel

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