Thérésa ou Thérèsia Cabarrus

Juana Maria Ignazia Thérésa ou Thérèsia Cabarrus

Baron François Gérard

Baron François Gérard

Thérésa est née au sein d’une famille originaire de la Navarre espagnole et qui vint au début du XVIIe siècle se fixer à Capbreton. Par son dynamisme dans le commerce, la famille Cabarrus, célèbre de Bayonne à Bordeaux, acquit une grande fortune. Son père François Cabarrus, né à Bayonne le 15 octobre 1752 (mort à Séville, le 17 août 1810), épousa à l’encontre des deux familles, Antonia Galabert, fille d’un industriel français établi en Espagne, en 1772. Devenu conseiller du roi Charles III d’Espagne, il fonda, en 1782, la banque San Carlos (ancêtre de la banque centrale espagnole). Il fut anobli, en 1790, par Charles IV d’Espagne avec les titres de « conde de Cabarrús, vizconde de Rambouillet », afin de le dédommager de fausses accusations de détournement de fonds. Il deviendra par la suite ministre des Finances de Joseph Bonaparte et de Ferdinand VII de Bourbon.

Thérésia ou Thérésa est officiellement née au château de Carabanchel, près de Madrid le 31 juillet 1773. En réalité sa mère l’a mise au monde dans l’antichambre de l’ambassade de France à Madrid. Elle est élevée comme tout enfant de sa condition par une nourrice jusqu’à l’âge de trois ans, puis elle est ramenée par son grand-père à Carabanchel. Elle ne reste que deux ans au milieu de sa famille, puis son éducation est mise entre les mains des religieuses en France. L’année de ses douze ans, elle regagne provisoirement le château familial. Elle est déjà fort belle, et à la stupeur de son père un jeune frère de sa mère demande sa main. François Cabarrus scandalisé, chasse le prétendant et renvoie Thérésa à Paris en compagnie de sa mère pour y parfaire son éducation et se marier.

Après avoir brisé le cœur à trois de ses prétendants, et vu sa première aventure amoureuse avec Alexandre de Laborde avortée, le père de l’amoureux, le marquis Jean-Joseph de Laborde  considérant une union entre les deux adolescents comme une mésalliance, elle épouse, avec l’accord de ses parents, Jean-Jacques Devin marquis de Fontenay-aux-Roses, le 21 février 1788. François Cabarrus a porté son choix sur ce parti, car il veut renforcer ses positions en France et le mariage de sa fille, le 21 février 1788, avec Jean-Jacques Devin de Fontenay, à tous les atouts pour cela. Le futur marié est conseiller à la troisième chambre des enquêtes du Parlement de Paris, il est le fils d’un président de la Chambre des comptes et le petit-fils d’une Lecoulteux. La très riche et puissante famille de ce nom fait partie de son plan. Et Lecoulteux et Cie compte sur ce mariage pour retrouver en Espagne son influence qui s’était dégradée. Les biens de l’époux sont estimés à 800 000 livres et sa charge lui en rapporte 60 000. La dot de la mariée qui n’a que quinze ans est de 500 000 livres.

Le mariage commence sous de bons auspices pour la jeune fille, elle n’a alors que 14 ans, elle est présentée à la cour de Louis XVI, puis à la cour d’Espagne, où l’accueil chaleureux que fait la famille royale à Thérésa pousse le marquis de Fontenay, qui est dans le même temps méprisé, à écourter leur voyage. Mais très vite Devin de Fontenay s’avère être un débauché, il préfère à son épouse les filles de petite vertu et Thérésa Cabarrus, qui ne manque pas de caractère décide que leur union ne sera plus que de façade.

 meallienchapeau2 - copieThérésa Cabarrus devient l’ornement de la bonne société du Marais. Elle régna très vite dans les salons et sur les cœurs par sa conversation, son rire, ses talents de danseuse de fandango. Elle reçoit dans son salon le général La Fayette, les trois frères Lameth, Félix Lepeletier de Saint-Fargeau, Antoine de Rivarol, Dominique de La Rochefoucauld, et Honoré Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau.

Le 2 mai 1789, elle met au monde son premier enfant, Théodore Devin de Fontenay, dont le père est sûrement Félix Lepeletier de Saint-Fargeau, le frère de Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau.

La Révolution est en marche, elle s’enthousiasme pour les idées à la mode, Thérèsia ne manque pas une manifestation. Elle se lance dans le mouvement révolutionnaire et « collectionne » les amants.

Un premier malheur vient la frapper. Son père subit à ce moment les inconstances de la haute fortune : il retrouve, à la mort du roi Charles III d’Espagne, un implacable ennemi, le nouveau ministre Lerena. Il est arrêté le 21 juin 1790, et détenu avec une extrême rigueur.

En 1793, amie des aristocrates, reine des salons, après l’exécution du roi, la prudence lui conseille de se réfugier à Bordeaux où elle a de la famille. Devin de Fontenay, son mari, l’accompagne, il a dépensé toute sa dot malgré cela, elle lui fait cadeau de ses bijoux. Après avoir divorcé le 5 avril 1793, il abandonne et sa femme et son fils émigre.

Bordeaux est alors le théâtre des rigueurs de la Montagne, qui poursuit avec acharnement les derniers Girondins, malgré cela, elle refuse de rejoindre l’Espagne. Et au contraire, elle intervient auprès des révolutionnaires pour faire libérer sa famille ou d’autres premières victimes de la Terreur, comme les Boyer-Fonfrède. Au mois de décembre, effrayée par les excès révolutionnaires, elle essaie d’entrer en Espagne, mais est arrêtée comme suspecte à Bordeaux. Détenue dans des conditions difficiles au château du Hâ, la prison de la ville, pour avoir fait libérer des suspects, elle écrit à Jean-Lambert Tallien, représentant en mission, pour réclamer sa liberté ou l’intéresser à son sort, elle l’a déjà rencontrée à Paris entre autre chez Mme Vigée-Lebrun et il l’a déjà aidé.

Sa beauté et son esprit captivent le commissaire de la Convention, il s’installe avec elle. Elle use alors de sa position pour aider de nombreux Bordelais à échapper à l’exécution des décrets du comité de salut public. Tallien, fou d’elle, accepte, à sa demande, elle, une étrangère qu’il est facile d’accuser d’être une espionne et d’envoyer à l’échafaud, de relaxer, de libérer, de délivrer des sauf-conduits. Grâce à Thérèsia, celui que tous considérait comme un tyran se fit beaucoup moins tyrannique. Son appartement devient le bureau des grâces. Son dévouement va lui valoir le surnom de : « Notre-Dame de Bon Secours ». Mais, en sauvant des vies, elle risque à nouveau la sienne. À Paris la liaison du conventionnel avec celle qui est perçue comme une riche aristocrate fait scandale, et oblige Tallien à revenir à Paris pour se justifier. Thérèsia l’y rejoint, alors qu’elle est devenue suspecte à Bordeaux suite au décret du 16 avril interdisant aux ci-devant nobles de séjourner à Paris et dans les ports. Mais c’est un ordre du Comité de salut public signé Robespierre, Collot d’Herbois et Prieur de la Côte d’Or, qui l’a fait arrêter et enfermer à la prison de la Force, puis à la prison des Carmes où elle rencontre Rose de Beauharnais. Sur le point de passer en jugement, c’est-à-dire à la guillotine, elle envoie à Tallien ce mot : « Je meurs d’appartenir à un lâche. » Cette missive le détermine à entrer dans la conjuration contre Robespierre et à s’illustrer le 9 Thermidor à la Convention, où il empêche Saint-Just de prendre la parole. Il faut dire que les conjurés voyaient leurs têtes s’approcher du billot. Libérée, la légende se met en marche, Thérèsia est alors surnommée Notre-Dame de Thermidor, car la révolution thermidorienne sauve de nombreuses vies. William Pitt le Jeune, premier ministre anglais, apprenant l’attitude de la jeune femme qui a poussé Tallien à agir écrie : « Cette femme serait capable de fermer les portes de l’enfer ».

Sa nouvelle notoriété, fait de son salon, dans sa maison des Champs-Élysées, le centre de la vie parisienne, et lui permet de devenir une des « merveilleuses » les plus en vogue lui permettant de lancer notamment la mode audacieuse néo-grecque.

Jean-Bernard Duvivier Portrait de Madame Tallien

Jean-Bernard Duvivier
Portrait de Madame Tallien

Elle épouse Tallien le 26 décembre 1794 et l’influence grandement dans son parcours politique pendant la Convention thermidorienne, mais l’abandonne bientôt, quand il est rejeté à la fois par les montagnards et par les modérés, le jugeant dépassé. Elle se sépare de lui en 1795 et n’auront désormais en commun que leur fille dénommée Thermidor Tallien.

Elle prend pour amant, en 1797, Paul Barras, devenu l’homme fort du nouveau régime. Dans son château de Grosbois, où Thérésa fait office de maîtresse de maison, il accueille  Madame de Mailly, Madame de Châteaurenaud, Cambacérès, Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, Joseph Fouché, Anne Jean Marie René Savary, le financier Gabriel-Julien Ouvrard, Choderlos de Laclos, Benjamin Constant, et ses amies Rose de Beauharnais et Madame Récamier.

C’est alors que son père de Thérésa, François Cabarrus, sort de prison. Manuel Godoy veut profiter de ses liens de parenté et du fait que sa fille est la maîtresse de Barras pour entamer des négociations avec la France. La signature du traité de Bâle (22 juillet 1795) va entraîner la réhabilitation de Cabarrus et son indemnisation pour ses trois années passées dans les geôles espagnoles.

À l’automne 1798, Thérésa passe dans les bras du richissime financier Gabriel-Julien Ouvrard après s’être rencontrés au cours d’une chasse donnée au château de Grosbois. Il offre à sa maîtresse un hôtel particulier près de la rue de Babylone et l’installe au château du Raincy, qu’il loue en 1799. Elle lui donne, pendant les quatre ans que dure leur relation, trois filles et un fils.

Elle se refuse au général Bonaparte qui se rabat sur sa meilleure amie Rose de Beauharnais, qui est encore très belle et qui deviendra dès lors Joséphine. Il lui en portera rancune et l’écartera de la cour pendant la période de l’empire.

Divorcée pour la deuxième fois en 1802, elle se remarie le 9 août 1805, avec le comte de Caraman, futur prince de Chimay. Elle avait fait sa connaissance chez son amie madame de Staël alors qu’elle est repoussée par la société officielle, celui-ci s’en éprend, et ils se marient le 9 août 1805. Elle lui donne quatre enfants.

Baron François Gérard

Baron François Gérard

Thérèsia meurt au château de Chimay en Belgique, le 15 janvier 1835, et son dernier époux est enterré avec elle sous la sacristie de l’église locale.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9r%C3%A9sa_Tallien

4 réflexions sur “Thérésa ou Thérèsia Cabarrus

  1. Pingback: Je suis la vice-reine du Mexique. (5ème partie) | franz von hierf

  2. Pingback: un Béarnais gouverneur de Louisiane II | franz von hierf

  3. Pingback: La sibylle du Faubourg Saint-Germain (3ème partie) | franz von hierf

  4. Pingback: Notre-Dame de Thermidor | franz von hierf

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.